Recording de Gwenaël Salaün

Communiqué de presse
Gwenaël Salaün
Recording

Gwenaël Salaün: artiste en soi, peintre de la génération que nous appelons, en France, du «baby boom», même si ce repère ne signifie plus grand chose pour nous, sinon qu’il nous rappelle à la réalité précaire, à la conscience que rien n’est jamais comme avant. Ce n’est pas qu’il eut été une «heure zéro» de la peinture à partir de laquelle Gwenaël Salaün décidât de donner le jour à son œuvre, au propre comme au figuré. Mais c’est qu’il existe, dans son travail, un langage volontairement tourné vers l’équilibre instable, les transparences et les cris de la lumière, dans l’attente d’un signe ou d’un rythme, à l’affût d’une nouvelle giclure, d’un télescopage à venir…

Chez Gwenaël Salaün, tout est sans cesse remis en question, il n’est pas de faux décor, même psychologique, dans ses tableaux ou ses dessins, d’illusions matérielles ou de promesses caduques. En même temps, il n’y a pas de peintre plus solidaire de l’espace que lui, du vide complet dans l’espace, de l’univers placé, pour ainsi dire, dans les marges, sur la sellette. Car l’artiste est là pour inventer la vie, y compris ses à-côtés, toutes ses failles, et puis empêcher les outrages de l’existence en fuite ou déjà perdue. Totalement, hors du champ de la banalité déchirante et du verbe détruit par la folie du monde et des hommes.

Avec quelle adresse Gwenaël Salaün parvient à l’invisible dénuement de ces paysages blanchis et délavés ; avec quelle énergie le peintre dénoue les traits mystérieux d’un geste, par exemple, qui se défend ou qui protège, d’un visage qui rêve ou qui jouit de son rêve, d’un regard qui revient de loin ou qui s’éloigne… Voyez comme ces silhouettes dépourvues d’ombres, dépouillées d’elles-mêmes, semblent si parfaitement indifférentes à notre curiosité, se refusant parfois jusqu’à l’impudeur; mais de quelle manière aussi elles s’opposent à l’exclusif, à l’invraisemblable par l’élégance brutale de leurs contours aveugles, entre tous ces aplats crachés et débordants, de l’émotivité à fleur de chair. C’est une ambition picturale, profuse et diverse, à travers quoi l’artiste nous ramène à l’essentiel, à la rencontre des jeux hypnotiques, du risque et de l’instinct, du désir et du hasard.

Peindre, produire de la peinture, artistiquement armée et désarmante. Pour Gwenaël Salaün, le comble de la grâce serait égale, s’il fallait en mesurer l’impact, à la distance qui sépare précisément deux battements de coeur. A la fois, c’est un temps désincarné sous le pas des corps et leurs mélanges chatoyants, dans cet écart des voix en lutte pour le plaisir d’ultimes coups d’ailes, à l’endroit indicible où nos mémoires se troublent plus profondément que l’exil, entre la poussière et le feu de notre sang. Ainsi trouvons-nous en Gwenaël Salaün, non seulement, un artiste authentique, mais aussi un peintre rare de la figuration libre, surtout lyrique, au lyrisme si caractéristique, et rare, parce que bien original au sens cosmique du terme, c’est-à-dire qui remonte à l’origine, à l’étrangeté d’un chaos fertile.
Renaud Siegmann

L’Artiste
Gwenaël Salaün est né à Quimper en 1960. Il vit et travaille à Morlaix.