Gérard Gasiorowski
Recommencer. Commencer de nouveau la peinture
Carré d’Art-Musée d’art contemporain de Nîmes propose, quinze ans après le Centre Georges Pompidou, une nouvelle rétrospective dédiée à l’oeuvre de Gérard Gasiorowski (1930–1986).
Composée d’une centaine d’oeuvres, dont certaines rarement montrées, cette exposition entend proposer une nouvelle lecture du travail de l’artiste, tenant en premier lieu dans le refus d’une mise en perspective linéaire.
Les principales séries ou oeuvres –des Approche (1965-1970) à Fertilité (1986)– seront présentées. Néanmoins, la chronologie en sera complètement modifiée afin de multiplier les points d’entrée dans son travail.
Gasiorowski s’est ingénié à jouer lui-même avec l’exégèse de son travail en multipliant chausse-trappes et objets de confusion, construisant une oeuvre faite de disparitions (Les Aires, Kiga), de conflits (La Guerre, l’Académie Worosis Kiga), de dons ou d’offrandes (Hommage à Manet, Les Paysans), allant même jusqu’à produire, au cours des dernières années de sa carrière, des oeuvres dont l’ampleur rend la présentation quasi impossible.
Il s’agira en outre de mettre en lumière un processus de travail constamment porté par l’obsession du recommencement et du flux permanent de la peinture; une quête qui s’est traduite par la répétition de motifs ponctuant son oeuvre à intervalles plus ou moins réguliers.
L’accrochage de l’exposition entend procéder lui aussi de cette logique de la contradiction et du recommencement en la rendant visible au travers de rapprochements d’oeuvres a priori incongrus, mais aussi en disséminant volontairement des «indices» conduisant à une compréhension globale de l’oeuvre.
Car au-delà d’un travail fait de ruptures et de recherches discordantes, l’exposition permettra néanmoins d’affirmer la cohérence de l’ensemble de l’oeuvre de Gasiorowski. Cette cohérence –qu’il définit comme une «ligne indéfinie» qui le ramène jusqu’à Lascaux et à l’essence du geste pictural– passe par une remise en question de son propre savoir et de ses acquis, et surtout par une manière d’interroger sans relâche tant la pratique de la peinture que la possibilité de peindre et d’être peintre.
critique
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