Récits japonais

Joël Denot
Récits japonais

A l’opposé d’une photographie qui cherche à figurer le réel, les images de Joël Denot se concentrent sur les éléments essentiels de la photographie: la lumière, la couleur et le rapport au temps.
Entièrement réalisées à la prise de vue, elles révèlent d’un geste purement photographique, sans travail de laboratoire. Alternant de grands cibachromes, toujours produits en tirage unique, et des instantanés de plus petite taille.

Après une première exposition à la galerie Oniris en 2009, Joël Denot revient à Rennes pour y présenter des travaux réalisés au cours des trois dernières années, depuis son emménagement à Tokyo. Ce changement de pays, s’accompagne d’un changement de lumière et même, des évolutions techniques par l’utilisation de papier Fuji qui apporte des couleurs et une chimie différente des papiers photo occidentaux. Cette nouvelle exposition présente des séries réalisées au Japon, en 2011, 2012 et 2013.

A découvrir dans cette exposition, de très grands formats réalisés au réalisés au sténopé, «le niveau zéro de la photo» se plait à dire l’artiste à propos de cette méthode couramment utilisée par les pionniers de la photographie, à la fin du XIXe. L’appareil photographique à sténopé se présente sous la forme d’une boîte dont l’une des faces est percée d’un trou minuscule qui laisse entrer la lumière. Comme l’œil, le sténopé capture des images inversées du visible. Du fait de la petitesse du trou permettant à la lumière de pénétrer à l’intérieur de l’appareil et de l’absence de focalisation, le temps nécessaire pour impressionner la surface photosensible est très long.

Avec ce travail tout en couleur et avec de grandes formes abstraites, Joël Denot nous renvoi directement à notre propre rapport au temps et à «ce qu’on nous donne à voir» à un moment où l’image est omniprésente dans le quotidien de tous. Cette réflexion porte sur un processus de création d’une image lente et non-représentative qui prend tout son sens dans cette période où tout est immédiateté et, chacun à notre niveau, nous sommes tous amenés à produire une l’image facile à réaliser avec des appareils technologiques.
Il résulte de ces différences de sensibilité lumineuse un jeu de recouvrement entre blanc et couleur où le sujet (ici un corps) disparaît et apparaît.

En 1991, Joël Denot commence une recherche sur la photographie. Entièrement réalisée à la prise de vue, elle relève d’un geste purement photographique.
A l’opposé d’une photographie de constat représentant la réalité, les travaux de Joël Denot se concentrent sur des éléments essentiels de la photographie: la couleur, la lumière et le rapport au temps.

Avec une série par année, alternant de grands tirages uniques Cibachromes et des plus petits formats Polaroids ou instantanés Fuji, Joël Denot a le souci de casser la fascination de l’image. Il contribue par son travail à repousser les limites de l’expression photographique et à s’interroger sur le medium.
Ainsi depuis plus de vingt ans l’ensemble de ce travail révèle un type particulier de photographies, faites de manques, de couleurs quasi-monochromes et d’images latentes. Cette photo est appelée par l’artiste une «photographie brut».

Joël Denot est né en France en 1961. Après avoir vécu à Paris, il vit et travaille au Japon depuis près de trois ans. Il expose depuis 2009 à la galerie Oniris.