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Recherches en esthétique n°15 L’imprévisible

D’une manière générale, l’homme essaie par divers moyens d’avoir le contrôle sur les choses, de maîtriser son existence, de réduire au maximum la part de hasard. Il tente d’anticiper le futur, d’éviter les risques et de s’en protéger.

Information

  • @2009
  • 21267-9291
  • E240
  • Zoui
  • 4français
  • }210 L - 295 H

Présentation
Dominique Berthet, Marc Jimenez, Dominique château, Hélène Sirven, Jean-Marc Lachaud, René Passeron, Pierre Juhasz,…
Recherches en esthétique n°15 L’imprévisible

Contre la menace de l’imprévu, l’homme organise, programme, prévoit. Il est tranquillisé par le connu, rassuré par l’ordre. Lorsqu’un élément ou un fait nouveau surgit dans sa vie, il s’accompagne de trouble. L’imprévu vient dérégler ses habitudes, déréguler son quotidien, perturber son rythme; alors l’inquiétude l’envahit.

Un vent de désarroi souffle sur son univers et le secoue, le déstabilise, parfois l’ébranle. Les Etats sont eux aussi dans une pratique du contrôle. Ils mettent en place des structures d’observation, des dispositifs de surveillance, des instances de réglementation, des appareils de répression.

L’écart est suspect, les marges sont épiées, la révolte canalisée voire réprimée. Il importe que le moins de choses possibles échappent à la vigilance, à la prévision, à l’attendu, à la règle, à la norme, à la loi. Face à l’imprévisible, à l’inconnu, à la mort, l’homme s’est aussi équipé de croyances et de religions qui sont censées le rassurer, l’aider à surmonter les difficultés et les douleurs de la vie.

L’imprévisible est ignoré, le hasard nié. La croyance répond à l’incertitude et au doute. Le monde dans lequel nous vivons entend laisser le moins de place possible à l’imprévisible. L’imprévu, l’inconnu, le hasard sont considérés comme des trouble-fête, des menaces, des dangers. Or, le risque est permanent. L’imprévisible quant à lui est susceptible de surgir à tout moment. Vivre est une expérience permanente de l’imprévisible. Si on tente d’appréhender, d’évaluer le risque pour mieux le réduire, l’imprévisible, lui, est impossible à prédire, à anticiper, à calculer, à planifier. Dans l’expérience de l’imprévisible les attitudes diffèrent.

Confronté à sa manifestation, chacun réagit de manière singulière en fonction de son aptitude ou inaptitude à l’intégrer ou à le surmonter. Mais face à l’imprévisible d’autres postures sont aussi à envisager. Elles concernent autant l’existence que la pratique artistique.

L’imprévisible n’est pas nécessairement synonyme de danger; il peut être aussi moteur, mouvement, élan, dynamique. S’il n’est pas subi, il peut encourager l’action, la réorientation, la reconfiguration. Il suscite, sollicite, ouvre sur d’autres possibles. Il introduit le nouveau; point de départ d’autre chose. Ce faisant, il est promesse. Sa prise en compte dans le domaine artistique est particulièrement riche en termes d’enjeux, de réalisation et de réception des oeuvres comme en témoignent les articles de ce volume.

L’imprédictible, l’impondérable, l’inattendu, l’inconnu, le fortuit, la surprise, le soudain, le brusque, l’insolite,de même que l’improvisation, l’impulsion, le jaillissement, le surgissement, l’accidentel, donnent l’épaisseur et la puissance de cette notion. L’imprévisible est au coeur de la création. Ce concept croise d’autres notions traitées précédemment dans cette revue. L’hybridation, le mélange des arts, l’audace, l’errance, l’ailleurs, la rencontre, le fragment, étudiés dans Recherches en Esthétiques, sont en effet liés à l’imprévisible.

Penser la rencontre en art par exemple, c’est envisager l’infini des possibles dans le mouvement permanent de l’imprévisible.

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