L’exposition « Recast » à la galerie Espace à vendre, à Nice, présente des peintures et des sculptures de Maude Maris qui mettent en scène un monde feutré peuplé de formes.
« Recast » : les univers plastiques et mentaux de Maude Maris
La pratique de Maude Maris se déploie entre la peinture et la sculpture, entre la surface et le volume, peinture, volume et dessin, la nature et l’architecture, le réel et le virtuel. Initialement guidée par une réflexion sur les représentations idéalisées et artificielles de la nature, l’artiste a peu à peu développé des paysages factices, jusqu’à parvenir à la réalisation d’un univers à la fois plastique et mental au sein duquel sont mis en scène et précisément articulés des formes, des objets et des couleurs entièrement contrôlés.
Les œuvres de Maude Maris prennent leur source dans divers objets reliés à l’idée d’une nature contrôlée, que l’artiste collecte : des rebuts du quotidien, des jouets, des éléments décoratifs. Ces objets sont alors découpés, poncés et moulés en plâtre pour donner naissance à une empreinte que Maude Maris recouvre de peinture aux teintes synthétiques et sourdes de bleu-vert, de gris argenté, de rose pâle, de beige et de marron doré.
Maude Maris entremêle le dessin, la peinture et la sculpture
Les objets ainsi créés sont ensuite placés dans une boîte à trois côtés et les compositions photographiées par Maude Maris avant d’être reproduites en peinture toile. Ainsi les peintures telles que Parèdre, Whistle ou encore Bastet résultent-elles d’un long processus qui, à travers une série de filtres, transforme un objet réel mais symbole d’un artifice, en une image neutre et lisse. L’homogénéisation par la couleur et la suppression de l’épaisseur et de la matérialité produisent un effet de distance quasi chirurgical avec l’objet.
Telles des natures mortes, les mises en scène de Maude Maris figent dans le temps et dans l’espace un monde doux mais troublant où l’on déambule mentalement pour en percer les secrets. Des secrets d’autant plus nombreux que les créations de Maude Maris reposent sur de constants prélèvements, chaque œuvre se révélant l’empreinte d’une autre. Le moulage des objets collectés en constitue la première forme mais des sculptures sont également les empreintes des images peintes car elles représentent l’envers de leur décor. Le contour au sol des objets est en effet relevé par dessin puis découpé dans des plaques de polystyrène coloré, faisant des sculptures des sortes de fantômes. L’ensemble compose des environnements où la photographie, le dessin, la peinture et la sculpture sont réunis.