Moataz Nasr
Réactions en chaîne
L’artiste Moataz Nasr est l’invité de la quatrième édition du Blandy Art Tour(s), événement annuel imaginé par le Conseil général de Seine-et-Marne et en partenariat avec Galleria Continua. Pendant quatre mois, tous les espaces du Château de Blandy-les-Tours, un des derniers témoins d’architecture militaire médiévale en Île-de-France, se transforment pour l’occasion en centre d’art pour une confrontation — patrimoine XIVe et création du XXIe siècle — amicale. Le plasticien égyptien livre ici une exposition subtile et engagée, intitulée Réactions en chaîne, dont les nouvelles productions témoignent d’une actualité internationale où bouleversements et combats se mêlent à espoir et fraternité.
«Je cherche un mot en français qui voudrait dire à la fois résistance, confusion, rassemblement» lance Moataz Nasr pour résumer l’exposition qu’il a imaginée pour le Blandy Art Tour(s).
C’est au sein de ce château fort médiéval qu’il en dessine le parcours, choisit les cimaises. Telle pièce pour trois toutes récentes vidéos de performances soufies, tel pan de mur pour un immense drapeau égyptien noir-blanc-rouge dont on aurait substitué le symbole central (le faucon) par une calligraphie. Avec les tracts et autres flyers qui ont fleuri lors du printemps cairote jusqu’au bouquet final, il construit un très grand tableau méticuleusement organisé, tel un grand tombstone érigé à la victoire.
Une oeuvre inédite, pour l’exposition, sera réalisée à même le sol de la pelouse intérieure du château. Géométriquement tracée dans l’herbe haute, elle formera un immense «labyrinthe» de mots d’écriture kufi. Elle reprendra le slogan «Le peuple veut la fin du régime» crié par les manifestants à l’occasion des révolutions qui ont débuté en janvier dernier et qui ont retenti partout en Egypte, notamment au Caire.
Au travers du parcours de l’exposition, Moataz Nasr entraîne également le visiteur sur les traces de sa recherche spirituelle, philosophique, de ses manifestes pour l’égalité, la paix entre les peuples, comme ses Towers of love dressées pour mieux résister aux agresseurs, telles les tours du château médiéval. Il l’incite, parfois de façon inconsciente, tant à forger sa mémoire qu’à y puiser le sens des choses, des objets et des oeuvres; à regarder tout au fond de soi et à relire l’histoire au travers de son propre prisme. Nasr ne cherche pas à culpabiliser le public mais l’invite à se souvenir que rien ne nous est étranger.