ART | EXPO

Re-trait

06 Mar - 30 Mar 2007

La Fondation d’entreprise Ricard présente une exposition conçue par Claire Staebler qui explore, à travers le travail d’une douzaine d’artistes, les formes possibles d’une pratique du dessin qui n’en n’utilise pas les techniques traditionnelles.

Louidgi Beltrame, Pierre Bismuth, Jonathan Borofsky, Robert Breer, Angela Detanico & Rafael Lain, Katie Holten, Rainier Lericolais, Pierre Malphettes, Benoît Maire, Sylvain Rousseau, Bojan Sarcevic, Abraham Poincheval & Laurent Tixador, Koki Tanaka, Ulla von Brandenburg
Re-trait

Une proposition de Claire Staebler

Alors que le dessin, les œuvres sur papier et le film d’animation connaissent un retour en force dans l’art actuel, l’exposition «Re-trait» explore à travers le travail d’une douzaine d’artistes les formes possibles d’une pratique du dessin qui n’en n’utilise pas les techniques traditionnelles tout en conservant ses caractéristiques de simplicité, de fragilité et d’éphémérité. Si on retrouve aisément un répertoire de formes classiques — portrait, paysage, objet, ligne ou forme abstraite —, l’utilisation de médiums plus inattendus comme la vidéo, le néon ou la performance pour «dessiner» constitue une des problématiques abordées par ce projet. Le tracé, le mouvement mais aussi la structure ou la mécanique du dessin sont bien présents mais simplement déplacés ou revisités. A travers une approche poétique, conceptuelle ou formelle, les œuvres dessinent les contours de ce qui pourrait constituer un nouvel élan pour le dessin et permettent d’aborder certaines d’entres elles sous un angle inédit.

Par un renouvellement des supports, des formats ou des techniques, les œuvres réunies proposent également une expérience originale de l’espace à travers notamment la constance de la ligne qu’elle soit matérielle ou immatérielle. Privilégiant résolument un point de vue subjectif sur le médium, l’intention de l’exposition n’est pas tant de définir si il s’agit bien de dessin mais plutôt quand y a-t-il dessin.

Dès l’entrée de l’exposition, l’artiste irlandaise Katie Holten dispose ses troncs d’arbres dépouillés, qui semblent s’élever d’un seul trait noir vers le plafond. Installé à proximité, le néon de Pierre Malphettes figurant la trajectoire de La Chute d’une Feuille Morte apparaît comme un écho à la forêt fantomatique de Katie Holten. Dans un registre moins sculptural, les dessins à la colle de Rainier Lericolais, les découpages et dessins plus cinématographiques de Ulla von Brandenburg envisagent, chacun à leur façon, une autre manière de considérer le dessin et son potentiel formel. Ils incluent un rapport physique à la matière, à l’espace et au spectateur.

De retour de Chandigarh, Louidgi Beltrame superpose en filigrane les plans de deux villes «dessinées» — Chandigarh et Brasilia — icônes de la modernité urbaine, tandis que Sylvain Rousseau trouble toutes notions de perspective et propose un «tableau sculpture» qui apparaît comme une mise à plat d’un plan d’architecte. Instaurant un autre rapport à la ville, la vidéo de Bojan Sarcevic, Miniatures, dévoile une action vue du siège d’un automobiliste qui dessine des formes géométriques comme un pattern de la ville dans la buée de son pare brise. Les artistes brésiliens Angela Detanico et Rafael Lain transforment l’invisible en visible et revisitent l’écriture braille pour créer leur propre alphabet en volume.

Avec une approche du dessin plus conceptuelle, le jeune artiste Benoît Maire pose la question de la place du dessin dans l’élaboration de la pensée et des concepts. Dans un extrait de sa vidéo Meeting S.Planchard, on voit ainsi le philosophe faire la démonstration d’une théorie en esquissant un schéma illustrant sa pensée. Posée discrètement dans un coin, à la fois graphique et intrigante, sa seconde intervention Lacane se dévoile comme une référence au postulat derridien «Tout dessinateur est un non-voyant». Proposant une œuvre inédite, Pierre Bismuth invite le spectateur à faire sa propre expérience du dessin à travers un dispositif interactif inspiré de certains tests psychologiques.

Avec une grande simplicité de moyens et d’actions le duo Abraham Poincheval et Laurent Tixador ainsi que Koki Tanaka explorent les rapports entre dessin et performance, prenant le paysage comme terrain de leurs expérimentations et faisant ainsi écho aux très poétiques interventions de Francis Alÿs. Enfin les «Telephone Drawing» de Jonathan Borofsky et les «Floor Drawing» de Robert Breer nous ramènent vers des expériences pionnières des années 70 non dénuées d’humour et d’ironie face à l’actualité du dessin.

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