Présentation
Gilbert Perlein, Maud Benayoun, Jean Daive, Emmanuelle Lequeux, Henri-François Debailleux
Rauschenberg. In the gap between
Cet ouvrage rassemble trois entretiens que Robert Rauschenberg a accordés à Emmanuelle Lequeux, Jean Daive et Henri-François Debailleux avant sa grande exposition organisée par Gilbert Perlein au Musée d’art Moderne et Contemporain (MAMAC) de Nice en 2006, qui a permis au public français de découvrir quatre-vingt-dix de ses œuvres (photos, peintures et sculptures) datées de 1985 à 2000 et issues de sa propre collection.
Robert Rauschenberg, célèbre pour ses Combine Paintings, œuvre depuis le début des années 1950 dans l’écart entre l’art et la vie («the gap between life and art») et s’est lancé depuis 1984 dans un vaste projet pacifique. ROCI (Rauschenberg Overseas Culture Interchange), engagement utopique mêlant artistes, écrivains, artisans et chercheurs l’a mené autour du monde.
Extraits de «Objet, peinture, transfert. Interview de Robert Rauschenberg par Jean Daive»
«Les choses qui ne sont pas physiquement des objets existent aussi dans le monde et elles ont besoin d’être mises ensemble dans une Å“uvre d’art. Je n’ai pas cessé de réparer les choses et le monde. […] Presque tout a besoin d’être réparé et remis en circulation. […]
Chaque partie de chaque œuvre est devant moi et l’œuvre devient un acte de création avec les objets. Il n’y a pas de décision. Je prends les objets et je les mets où ils doivent être. Il n’y a pas de décision artistique.»
Extraits de l’interview de Robert Rauschenberg par Emmanuelle Lequeux
«Je n’ai presque aucun rapport au Pop Art, car j’approche l’objet dans une attitude totalement différente, et dans une autre direction. Selon la théorie, les Pop artistes ne veulent pas que l’objet renonce à aucune de ses intentions originelles ; ils ont une révérence vis-à -vis de lui, et célèbrent donc ce qu’il est. Moi, ce qui m’intéresse, c’est la mobilité des objets, des pensées et des attitudes, et la relation à la forme ; transformer l’objet, le pousser dans ses retranchements. […]
J’aimais l’expressionnisme abstrait, mais j’ai été très attentif de ne rien en apprendre.»
Extraits de la rencontre entre Henri-François Debailleux et Robert Rauschenberg
«[Les artistes qui m’ont le plus marqué :] Picasso. Puis, au fur et à mesure que j’évoluais, Matisse est devenu le modèle absolu. J’aime son lyrisme, sa distinction, son raffinement, sa clarté, sa simplicité. […]
Je pense qu’Albers a été mon meilleur professeur. Et ce parce que je n’étais pas d’accord avec lui. C’est dans mon questionnement, mes doutes, mon désir de savoir pourquoi je n’arrivais pas à m’entendre avec lui ni avec ses enseignements que je me suis trouvé…»