La galerie Papillon-Fiat et l’Espace Paul Ricard proposent une exposition en forme d’essai sur les « rapprochements » incessants et sans doute croissants entre l’art contemporain et la mode. L’accent est mis sur les matières et les textures plutôt que sur les corps.
Un wall-painting composé de bandes de différents adhésifs blancs et transparents de Daniel Buren tient lieu, sur un mur entier, de véritable manifeste, partiellement masqué qu’il est par une robe de soie noire de Martin Margiela. Le noir de la robe contraste avec la blancheur de l’œuvre de Buren sans briser les rapports qui se nouent entre elles. En jouant de la transparence, la double robe Hawaï d’Helmut Lang superpose et alterne plis et densités, tissus vierges et imprimés avec textes, sophistication et simplicité.
Liant l’art et les magazines féminins, Erik Dietman traite de manière cubiste et avec ironie, entre pastiche et vénération, une photographie de Françoise Hardy parue dans un article des années soixante. Remark on Window-Gardenning porte à son comble le parti pris de l’apparence au détriment de l’utilité en présentant un sac à main constitué d’un bloc rectangulaire de plexiglas, qui ne peut donc rien contenir. Sous le regard caustique et amusé de Dietmann, frivolité et mode paraissent emblématiques de la société occidentale d’aujourd’hui.
De façon aimablement provocatrice, Jonathan Callan expose un livre ouvert dans l’épaisseur duquel une demeure italienne de la Renaissance semble avoir été reproduite par une armée de mites, ces insectes ennemis des édifices autant que des textiles. Issey Miyake tend, quant à lui, une pièce de tissu noire semblable à une peau de bête. Des rapprochements s’opèrent entre les artistes et la nature : les bêtes font œuvre, les couturiers s’inspirent des animaux.
C’est l’idée de poussière qui rapproche Jean-Charles de Castelbajac et Vik Muniz. Une veste en éponge, tissu habituellement utilisé pour faire le ménage, fait écho, chez Vik Muniz, à un remake en poussière de L’Origine du monde de Gustave Courbet. Le premier déconstruit le luxe de la haute couture, le second « dépoussière » un chef-d’œuvre de la peinture.
C’est enfin avec Julio Le Parc et Paco Rabanne que les rapprochements ont sans doute été les plus forts entre l’art et la mode autour de l’idée du mouvement. Les lamelles de métal du mobile de Le Parc rappellent les robes fameuses de Paco Rabanne.
— Daniel Buren, La Grille, la couleur, le motif, 2001. Vinyle adhésif transparent brillant (édition Art-Wall-Sticker).
— Martin Margiela, robe soie noire, bretelles semi-adhésives, 1997.
— Jonathan Callan, Vermiculation, 2001. Livre perforé.
— Issey Miyake, A.P.O.C. , 2002.
— Jean-Charles de Castelbajac, veste tissu éponge, 1978.
— Vik Muniz, L’Origine du Monde After Courbet, 1999.
— Julio Le Parc, Mobile rectangulaire, 1970.
— Paco Rabanne, robe métal argent, 2000.
— Junya Watanabé, Chapeau de pluie, 2000. Métal et plexi rose.
— Helmut Lang, double robe, coton et nylon, 1995.
— Erik Dietman, C’est elle la plus belle, 1966. Sparadra sur papier.
— Erik Dietman, Remark on Window-Gardenning. Plexiglas et cuir, 1965-1966.
— Jean-Michel Alberola, La art et l’mode, 2002. Lithographie.