Un «panthéon» construit en bois et en marbre rend hommage à des artistes reconnus : Michaël Snow, Eric Rondepierre, Gianni Motti, Alain Declercq, Claude Lévêque, etc. L’illusion est parfaite, mais en réalité il s’agit d’un décor, d’une mise en scène, d’un trompe-l’œil : les murs de la salle d’exposition Michel Journiac ont été recouverts d’adhésifs décoratifs de la marque Vénillia imitant parfaitement des panneaux de bois précieux et des plaques de marbre faussement gravées.
Cette mise en scène, à la fois classique et baroque, est l’œuvre de Raphaël Boccanfuso qui entend inaugurer de manière officielle cette salle d’exposition située au sein d’une «fac» d’arts plastiques où Michel Journiac a enseigné. Il rappelle à la mémoire des visiteurs les autres artistes qui sont intervenus dans ces murs : de la programmation d’une salle d’exposition, Raphaël Boccanfuso en fait un objet de patrimoine, ouvrant ainsi une parenthèse, un temps mort dans la linéarité de l’histoire de l’art.
Le soir même du vernissage, la rigueur de l’inauguration a été rompue à la fois par l’humour de Dominique Noguez qui, à la demande de l’artiste, a prononcé un discours dans les règles de l’art, et par un rendez-vous festif : un grand buffet était offert à la gourmandise du public devenu à son tour acteur de la performance. Raphaël Boccanfuso interroge avec humour notre regard sur les institutions et les protocoles de légitimation des œuvres : tel avait été le cas pour Savoir disposer ses couleurs (1997), et pour ses cartes postales éditées qui nous montrent d’illustres buildings pixélisés (2001), dont l’image est pourtant protégée par copyright.
En 2002, il propose aux mairies d’arrondissements de Paris, de remplacer les bustes de Marianne par celui de sa galeriste Patricia Dorfmann. Aujourd’hui, cette nouvelle Marianne est toujours présente dans la salle des mariages de la mairie du XIXe arrondissement.
Comment qualifier le travail de Raphaël Boccanfuso si ce n’est par l’utilisation de la citation, son exagération et la disparition de ce qu’elle désigne?
A Saint-Charles, la pérennité du vivant est assurée par le don d’une plaque d’inauguration que l’Université doit entretenir et conserver. Désormais la salle d’exposition Michel Journiac est officiellement nommée.