Ludovic Bernhardt et Can Ertas
Rank 1 plus 1
Dans le projet «Rank 1 plus 1» Ludovic Bernhardt et Can Ertas se débarrassent de toute pollution mémorielle et visuelle pour réfléchir à ce que peut être une image-objet, en tant que non-illustration d’aucune sorte, d’aucun être, d’aucune référence au réel. Et ceci particulièrement dans les œuvres initiales de Can Ertas, qui, comme le souhaite l’artiste turc, ne doit faire aucune référence à un extérieur. La formule «L’art en tant qu’art» d’Ad Reinhardt, pourrait être un pilier idéologiquement incontournable du travail de Can Ertas, considérant le processus artistique comme une production formelle tournée vers elle-même.
De son côté, Ludovic Bernhardt, se réfère à un extérieur, mais un extérieur immatériel, codé, étatique, militaire. Nous sommes face à des œuvres réduites à l’état de signes d’une «violence conventionnelle». Cette dernière, principe d’abstraction du signe et du code propre à nos sociétés contemporaines, fait étal d’une certaine habilité à déraciner le signe de tout ancrage référentiel.
Ainsi, le signe conventionnel le plus froid, par exemple celui du logotype ou du code technologique et guerrier, évoque une distance extrême entre sa réalité de signe et ce à quoi il renvoie.
Les deux artistes proposent un dialogue entre un art abstrait de type géométrique, et un environnement social et sémantique froid, entre certaines formes désincarnées et un ancrage de la forme, du signe et du code appartenant à un univers gelé, désocialisé.
Les œuvres possèdent finalement une identité similaire. Il ne s’agit pas de parler d’esthétique, ni de parler de forme, mais plus de parler d’un ensemble négociant une place dans un environnement artistique proche du langage.
Can Ertas et Ludovic Bernhardt vivent et travaillent à Istanbul. Ludovic Bernhardt, ancien élève du Fresnoy, membre de l’entreprise et artiste de la galerie Sanatorium à Istanbul, collabore régulièrement avec des artistes turcs.