Communiqué de presse
Martin Le Chevallier
Ralentir ses battements de paupières
La muséographie d’un hypermarché est régie par des lois implicites. Le comportement du client, la géographie de ses déplacements, le cheminement de ses yeux ou la flexibilité de ses désirs, sont l’objet de toutes les attentions commerciales.
Le visual merchandising façonne ainsi l’expérience du chaland tout comme l’artiste ou le commissaire d’exposition travaillent l’expérience du visiteur. Et tous se nourrissent de l’imprévu. Mais à la différence de l’émotion imprévue, l’achat imprévu conforte les marges du distributeur.
L’achat imprévu – ou achat d’impulsion – est la clé de voûte de la scénographie de l’espace de vente. La largeur des allées, la hauteur des produits, la disposition des gondoles ou l’intensité de la lumière : tout concourt à l’ergonomie de la tentation. Cette ergonomie est présidée par des règles à la fois évolutives et éprouvées. Ces règles, qui ont trait à l’organisation spatiale et visuelle des lieux, constituent une véritable réglementation esthétique.
Cette réglementation forme le matériau de l’exposition «Ralentir ses battements de paupières». Une ligne de bouteilles d’eau suspendue au niveau des yeux du visiteur réduit l’hypermarché à sa composante essentielle: le linéaire. La multiplication des produits – le mass merchandising –, l’apparence cristalline des objets et l’envahissement de l’horizon du spectateur, composent une oeuvre sculptée par les recommandations du marketing visuel.