DANSE | SPECTACLE

Festival d’Avignon | 36, Avenue Georges Mandel

17 Juil - 19 Juil 2018

Avec 36, Avenue Georges Mandel, le chorégraphe Raimund Hoghe livre un solo en forme d'hommage à la cantatrice Maria Callas. Figure mythique, par la danse contemporaine Raimund Hoghe s'approche au plus près de cette étoile lointaine, du dépouillement de ses dernières années.

Associé à Pina Bausch pendant plus de dix ans (1980-1990), en tant que dramaturge, le chorégraphe et danseur allemand Raimund Hoghe cultive une danse singulière, radicale. Pour l’édition 2018 du Festival d’Avignon, il présente deux pièces : une reprise et sa dernière création. Deux spectacles se répondant l’un l’autre ; deux hommages à des femmes aux carrure et carrière exceptionnelles. Avec 36, Avenue Georges Mandel (2007), Raimund Hoghe s’attache à la figure mythique de la chanteuse Maria Callas (1923-1977). Tandis qu’avec Canzone per Ornella (2018), c’est pour l’une de ses interprètes et danseuses, Ornella Baletstra, qu’il compose un duo atypique. Figure quasi-beckettienne, Raimund Hoghe met en scène aussi bien son image que celle des autres. Venu tardivement à la danse (dans sa quarantaine), il ne s’encombre pas de choix tièdes. Raimund Hoghe est ; Raimund Hoghe danse.

36, Avenue Georges Mandel, de Raimund Hoghe : danser Maria Callas

Interprété par Raimund Hoghe lui-même, 36, Avenue Georges Mandel joue la carte de la sobriété. Loin des paillettes, dans l’épure du Cloître des Célestins, de la Callas Raimund Hoghe livre une facette tout en retenue et solitude. Les gestes, les postures, les manières de s’envelopper… Sans décor, Raimund Hoghe mobilise néanmoins des objets. Tenue de ville, costume noir, manteau, chaussures à talons, cartons… À l’écart du burlesque, avec son sérieux si singulier, Raimund Hoghe fait apparaître une Maria Callas digne et taciturne. Le 36, Avenue Georges Mandel est une adresse à laquelle elle aura résidé, à Paris. Une adresse factuelle, sans l’épaisseur du « chez soi ». Pour une cantatrice en équilibre entre gloire et retranchement. De Maria Callas, Raimund Hoghe disait ainsi, en 2007, que l’un de leur point commun résidait dans la nostalgie d’un autre corps.

De postures en attributs : l’expression chorégraphique d’une solitude factuelle

Jouant sur les attributs vestimentaires (talons, couvertures…), Raimund Hoghe explore les écarts. Avec une chorégraphie qui se déplace entre les zones de séparation. Y compris dans le temps, de 2007 à 2018. Tandis que les choix musicaux gravitent au plus près des affinités de la Callas, avec des airs de Christoph Willibald Gluck, Jules Massenet, Vincenzo Bellini… S’appuyant sur des interviews et documents, pour 36, Avenue Georges Mandel Raimund Hoghe se glisse ainsi dans la corporéité de la cantatrice. Au sein de sa solitude, amplifiée par le décor du Cloître des Célestins. Un lieu qui fait écho à celui dans lequel Raimund Hoghe avait déjà joué la pièce en 2007 — la Chapelle des Pénitents blancs. Pour une interprétation moins recluse, dans un lieu plus ouvert. Mais peut-être plus troublante encore, avec cette solitude ne connaissant plus d’autres limites que celles du corps, seul en scène.

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