Communiqué de presse
Rafaël Grassi-Hidalgo
Rafaël Grassi-Hidalgo
Un univers spécifique, quasi a-gravitationnel
Avec la gestuelle alerte d’un grand violoniste qui maintient ferme son archet, Rafaël Grassi-Hidalgo, artiste de la génération 70, mène un travail de recherche dans le champ de la peinture avec des expériences énergiques qui excitent l’intérêt.
À partir d’une règle de composition du tableau savamment orchestrée, hybridée sur le principe historique du photomontage, l’artiste étonne dans son domaine en obtenant un univers spatial atypique, quasi a-gravitationnel.
Conjuguer deux mondes dans un même espace dépeint
Sur cette toile de format plus qu’humain, traitée à l’acrylique et intitulée Maîtresse I, l’oeuvre s’identifie par un fond puissant, jaune rouge orangé, aux couleurs chaudes d’un Emil Nolde sous le Soleil des tropiques.
Traité pourtant avec une pâte relativement légère, elle représente un paysage semi figural, une sorte de vision nocturne, astrale, hantée d’idéogrammes et de mystères, mais dans une ambiance sereine. Au centre de la toile, un corps, nu, segmenté, habillé d’androgynéité, campe, le visage drapé d’un noir voilé, comme pour obliger à l’intériorité.
Ici, l’artiste a tout mis, tout de son élan acquis en cette année 2007, tout dans son avancée d’un oxymoron visuel
Le vide aérien du papier ou du tableau. Une fenêtre s’ouvrant d’avant en arrière, et d’arrière en avant. Dans les créations graphiques et picturales de Rafaël Grassi-Hidalgo, l’épaisseur et la dynamique spatiale sont générées par un vide aérien que l’on ressent sous les motifs peints.
Il s’agit moins d’exprimer un monde intérieur (subjectif), qui prévaudrait à un monde extérieur (objectif), que de les confondre l’un à l’autre dans un mouvement vivant, fenêtre s’ouvrant d’avant en arrière, et d’arrière en avant.
Rehauts de peinture à inscriptions unicellulaires
Dans une même profondeur de champ, on trouve, comme autant de variations, une dizaine de successions de schémas, autant de diagrammes tonals vibrants qui opèrent un délitement dans la succession des recouvrements peints.
Suivant les règles de l’observation du tableau, celles du microscope ou de l’oeil loupe, les cellules à la surface, rehauts de peinture à inscriptions unicellulaires, se font, dans leurs énigmes formelles, des modèles de structures naturelles.
Cellules souches veinées, marbrées, bariolées
Dans un ciel de nuit, lunaire, solaire, feutré, un segment de cercle chaud veut gober tout le froid du tableau. Des réseaux de principes tronqués, de filets segmentés, s’animent, cellules vivantes, sur des plans en lamelles superposées.
Des coups de pinceau maquillés de motifs étrangers, cellules souches veinées, marbrées, bariolées, pétales de floridées égarées, se posent délicatement, flottent sur le support antigravitationnel. C’est la peinture qui se relève de ce vide qui l’a vu naître, en amont, dans de ce blanc d’apesanteur, à l’origine de la toile et du papier vierge.
Une pataphysique aux couleurs si fraîches
Les tableaux, les dessins de Rafaël Grassi-Hidalgo s’amusent de jeux libres, sensuels et nuageux, de chevelures hachurées, griffant à l’occasion une peau de peinture acidulée. Ils entremêlent des sections de trames graphiques, des structures fractales, des équations d’alphabet qui, dans l’énigme d’un mot, cimente l’ordonnance de figures affolées.
L’ampleur poétique, la précision du geste peint ou dessiné, les renvois à l’architecture d’intérieur, au paysage mental, à l’organique, au minéral, au végétal, parlent de l’essentiel de la vie dans la vie des couleurs, des formes, et des traits qu’elle caresse.
Il me reste, disait sur le tard un comédien célèbre, tellement peu d’illusions sur la nature humaine que cela devient difficile de me mettre en colère.
Notre univers, il est vrai, est plein de faiblesses, mais quand l’épreuve comme ici relève d’un émerveillement, d’une illusion pataphysique aux couleurs si fraîches, je pense plutôt, avec cet art qui nous réveille, que les joies de la peinture, comme les choses de la vie, appartiennent à ceux qui les comprennent. (Extrait du catalogue de l’exposition, Rafaël Grassi-Hidalgo, « de l’art de tuer le temps », Fond d’art contemporain de Montluçon, 2007.)
Vernissage
Jeudi 13 novembre 2008. 18h-21h.