Théo Mercier, François Chaignaud
Radio Vinci Park. Festival Etrange Cargo 2016
«Un climat apaisant et élégant dans l’univers du stationnement»: telle était l’ambition affichée par le premier exploitant européen de parkings lors de la création de sa station propre. De Monteverdi à Brahms, en passant par tous les grands classiques, l’environnement sonore raffiné et rassurant qu’est censé procurer la radio a néanmoins fait l’objet d’une étude pour que son volume ne puisse couvrir les pas d’usagers mal intentionnés. Ironie… En fait, ses modalités d’existence induisent d’emblée la frayeur.
Mettre en musique un lieu de danger: Théo Mercier s’appuie sur cette forme de contresens pour imaginer une atmosphère et une expérience pour les spectateurs. Ayant dénudé la salle de spectacle de la ménagerie de verre pour lui faire retrouver le visage de sa fonction originelle de parking, l’artiste fait de cet espace brut le véritable premier personnage de sa pièce. Plus qu’un scénario, c’est une situation qu’il donne à vivre, effeuillant tout le répertoire phobique lié à l’imagerie collective et cinématographique du parking souterrain: obscurité, solitude, angoisse, étouffement, spectre de l’agression, etc.
Dans cet endroit de tous les fantasmes liés à nos enfers contemporains de l’urbanisme, a lieu une étrange rencontre entre un motard de cross, entièrement masqué, et un danseur travesti en executive woman. Tout prend alors un double sens. Les deux protagonistes évoquent tour à tour des figures du passé et du futur; leur affrontement flirte autant avec le duel que la parade amoureuse. Les spectateurs eux-mêmes, en arène, paraissent tantôt actifs, attisant l’ardeur des duellistes, tantôt passifs, captifs d’un événement qui happe tous les sens.
mise en scène: Théo Mercier
chorégraphie, danse, chant: François Chaignaud
acteur motard: Cyril Bourny
claveciniste: Marie-Pierre Brébant
assistant à la mise en scène et créateur lumière: Florent Jacob
Repères biographiques
Entre futurisme et archéologie, quotidien et intemporel, équilibre et déséquilibre, le travail plastique de Théo Mercier, artiste plasticien, se distingue par une grande pratique du collage. Collage de matériaux, mais aussi collage de sens éclectiques, voire de contresens, pour créer des œuvres-chimères. Hybrider l’anecdotique et l’historique, «la cuiller en plastique et la colonne grecque», revient chez lui à produire un ensemble de représentations du temps par l’objet. Chaque moment et chaque lieu déclenchent le sujet du travail. La méthode donne la direction.
Né à Rennes, François Chaignaud étudie la danse depuis l’âge de 6 ans. Il est diplômé en 2003 du Conservatoire National Supérieur de Danse de Paris et collabore ensuite auprès de plusieurs chorégraphes, notamment Boris Charmatz, Emmanuelle Huynh, Alain Buffard, Gilles Jobin. Depuis 2004, il crée des performances dans lesquelles s’articulent danse et chant, dans les lieux les plus divers, à la croisée de différentes inspirations. Également historien, il initie des collaborations diverses, notamment avec la légendaire drag queen Rumi Missabu des Cockettes, le cabarettiste Jérôme Marin, les couturiers Romain Brau et Charlie Le Mindu, le photographe Donatien Veismann, ou encore le plasticien Theo Mercier.