ART | EXPO

Quinze minutes la nuit au rythme de la respiration

28 Oct - 01 Fév 2015
Vernissage le 28 Oct 2014

On ne peut rattacher Alix Cléo Roubaud à aucune tendance majeure de la photographie, elle se fraye un chemin personnel et radical. Chez elle, le travail technique, l’alchimie du tirage ne sont jamais séparés de la recherche théorique. Cette exposition donne à voir plus de deux cents photographies et documents inédits.

Alix Cléo Roubaud
Quinze minutes la nuit au rythme de la respiration

La Bibliothèque nationale de France présente à l’automne 2014 quelque deux cents photographies, des textes inédits et des documents de travail d’Alix Cléo Roubaud. La Bibliothèque offre ainsi la première rétrospective consacrée à l’œuvre de cette artiste à qui il revient une place singulière dans l’histoire de la photographie, celle d’une théoricienne audacieuse et d’une photographe affrontant lucidement les défis de son art.

La vie d’Alix Cléo Roubaud fut brève. Son activité de photographe, qui occupa les quatre années précédant son décès, est riche de plus de 600 tirages, dont Jacques Roubaud a fait donation à de grandes institutions dont la BnF. Sa mort, en 1983, a cerné cet œuvre de l’ombre fascinant où s’épanouissent les légendes. C’est à la découverte de l’univers plastique singulier de cette inconnue célèbre que s’attache cette manifestation.

Née en 1952 à Mexico, fille d’un diplomate et d’une peintre, Alix Cléo Roubaud s’installe en France en 1972 afin d’étudier la philosophie. La photographie qu’elle pratique de manière occasionnelle deviendra rapidement à ses yeux une nécessité, un choix de vie.

Son journal, partiellement publié, évoque l’évolution de sa pratique amateur vers une véritable recherche esthétique. Maintes références aux artistes conceptuels sont relevées par Catherine Millet dans son introduction au catalogue de l’exposition.

Cependant, on ne peut rattacher Alix Cléo Roubaud à aucune tendance majeure de la photographie: elle se fraye un chemin personnel et radical, ses recherches philosophiques nourrissant sa pratique. Le travail technique, l’alchimie du tirage ne seront jamais séparés de la recherche théorique. Elle récuse les demi-mesures, pousse l’art du tirage aux extrêmes de l’éblouissement ou des ténèbres, ne se donne aucune limite, refuse les concessions, détruit les négatifs. Chaque tirage est un exemplaire unique, témoin de ses recherches sur les possibles de l’analogique.

Le sujet — les menus événements du quotidien, ses objets familiers, son corps nu devant l’objectif — lui importe moins que la révélation de l’image dans la chambre noire et les actions de la chimie des bains et de l’encre sur la surface sensible.

Alix Cléo Roubaud pose la question de ce que la photographie suscite en nous. Relique mémorielle, recréation a posteriori du souvenir d’un souvenir? «Dans quelle mesure ce qui “sort du noir“, naît du “rien“ est-il conforme au souvenir de l’image prise. Car le photographe n’a pas seulement vu le monde, il l’a au même moment rencontré plus ou moins simultanément avec les autres sens; il l’a entendu, respiré, goûté, touché même», écrit-elle dans son journal.

De cette courte et fulgurante carrière, plus de deux cents photographies et documents inédits seront exposés, dont sa série la plus connue Si quelque chose noir, présentée pour la première fois en intégralité.

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