La galerie Christian Berst présente «Quintessentiel» d’Alexis Lippstreu. Né en 1972, celeui-ci a commencé à dessiner de façon compulsive il y a une dizaine d’années. Ce qu’il ne dessine pas, il le tait, et lorsque — pour répondre à une sollicitation — il s’exprime, c’est par des monosyllabes portés par un souffle ténu. Il ne s’est jamais expliqué sur ses motivations ou sur le sens de sa création. Son autisme érige sa production au rang de mystère. Un mystère qui n’est pas encombré — comme trop souvent ¬ du discours du créateur et offre donc une large part aux projections du regardeur. Mais cette invitation à prendre notre part nous enjoint également de rester prudents, voire humbles, dans nos commentaires.
Même s’il est vrai que la particularité du travail d’Alexis Lippstreu — qui réside dans la «recréation» de tableaux de maîtres — paraît offrir des clés par trop évidentes. Cependant, les œuvres de Vinci, Van Eyck, Degas, Gauguin, parmi d’autres, sont non seulement déclinées en d’infinies variations, mais semblent comme rendues à leur substance. En effet, seuls les corps ou les visages paraissent mériter qu’on leur restitue une présence quasi surnaturelle, tandis que les décors ou les paysages sont, au mieux, traités comme des lignes de force mais, le plus souvent, s’évanouissent dans un orage crépusculaire de graphite. Là où Picasso cherche à épuiser les Ménines de Vélasquez dans un exercice de style virtuose, Alexis Lippstreu magnifie dans l’épure la part d’humanité des chefs d’œuvre qu’il interprète. Au point qu’il finissent par nous apparaître tels qu’en eux-mêmes, dans leur quintessence.
En parallèle à cette exposition, l’œuvre d’Alexis Lippstreu est exposé à Liège, au Musée d’art différencié (Mad) — avec qui la galerie Christian Berst coédite un catalogue — ainsi qu’au Musée des Beaux Arts (Bal), où ses «recréations» du Sorcier d’Hiva-Oa de Gauguin seront exposées aux côtés de l’original.
critique
Quintessentiel