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Quiet Village

L’exposition Quiet Village nous propulse dans un passé proche, ou plutôt nous le fait percevoir avec nos yeux de contemporains. Le titre de l’exposition reprend le nom d’un célèbre duo de musiciens anglais dont les mélodies rappellent celles des années 1970.

Dans un parfait équilibré, trois toiles impriment une pulsation à une constellation de dessins qui les entourent. De cette organisation émane une agréable sensation d’obsession, comme si l’urgence de la création avait poussé Beatriz Monteavaro à afficher minutieusement les unes après les autres ses pièces sur les cimaises de la galerie.

Au sein de cette composition, Monster 2 éclabousse de couleurs et de matières. C’est le portrait d’une créature verte qui n’a rien de extraterrestre gentil petit homme vert. De son orbite et du trou béant de sa bouche jaillissent des coulées rouges, semblables au faux sang utilisé dans les films gore. On ne perçoit pas distinctement l’image de ce monstre, qui est aussi floue que les réminiscences d’un cauchemar.

L’univers des films de série B, qui marque les attitudes des personnages, mais qui qui contraste fortement avec l’accrochage, suscite un sentiment d’épouvante. Dans ses œuvres, Beatriz Monteavaro fixe ces moments de suspens où la fiction peut basculer dans l’horreur. Les personnages semblent être figés, pris au piège d’une scène passée en boucle, sans jamais trouver d’issue.

Sometimes You Get The Bear. Sometimes A Bear Gets You et Quiet Village 29 laissent le spectateur dans une insoutenable expectative. Ces deux œuvres réitèrent la même scène, mais dans deux décors différents. Chaque fois, dans un tête-à-tête dramatique, une créature «bourreau» menace une victime-femme. A partir du lexique visuel immédiatement identifiable de la série B, Beatriz Monteavaro fugure la bouche ouverte de la victime comme signe de son effroi, un personnage menaçant vu de dos, les bras levés vers son futur butin.

Cette gestuelle cinématographique mise à l’épreuve des arts plastiques accentue le pouvoir idéologique des œuvres. La femme est pétrifiée dans un rôle qui la soumet à l’autre, son destin ne lui appartient pas, elle a beau crier, personne ne l’entend.

The Thing That Would Not Die se compose d’un poste de télévision posé à même le sol et surmonté d’une créature en buste qui semble dégouliner sur l’écran. Cette œuvre oscille entre l’autel et le portrait en buste d’homme illustre. Dans ce cas, le traditionnel socle est remplacé par la télévision, le pilier des sociétés contemporaines. Sur l’écran apparaît l’image fixe d’une radiographie de racine végétale ou de terminaison nerveuse, indistinctement image scientifique ou bribe de fiction. On se oscille entre fascination et méfiance devant les images.

Un trouble nous gagne dans cette exposition, qui se situe à la lisière de la démystification et de la pérennisation des croyances…



Beatriz Monteavaro

— Monster 2, 2008. Huile, acrylique, spray sur panneau de bois. 76,4 x 60,8 cm

— Sometimes You Get The Bear. Sometimes A Bear Gets You, 2009. Huile, acrylique, peinture émaillée, fausse fourrure et spray sur panneau de bois. 122 x 162 cm

— Quiet Village 29, 2009. Technique mixte sur papier.

— The Thing That Would Not Die, 2009. Dimensions variables.


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