L’exposition « Master/Slave » à Art-Cade, galerie des grands bains douches de la Plaine, à Marseille, présente des installations, sérigraphies et vidéos de Quentin Destieu qui mettent en garde contre la domination du « tout numérique ».
Master/Slave : des œuvres subversives contre la domination techno-libérale
Dans le cadre du festival d’art multimédia « Gamerz » et de la première édition de la biennale des imaginaires numériques « Chroniques », la galerie invite l’artiste Quentin Destieu, cofondateur du festival, à exposer des œuvres qu’il a réalisées au cours des dix dernières années. Les réalisations de l’artiste, qui aborde autant l’installation, que la sérigraphie et la vidéo, se caractérisent par l’utilisation des technologies numériques non seulement comme matériau de création mais aussi comme support de réflexion.
Le titre de l’exposition, « Master/Slave », reprend une terminologie utilisée en programmation informatique et aujourd’hui controversée car considérée par ses détracteurs comme discriminatoire. A travers ce titre est suggérée la dimension politique de l’exposition et de la démarche de Quentin Destieu. Les œuvres de ce dernier s’inscrivent en effet dans une critique des discours techno-positifs dominants dans le monde politique, industrielle et financier et sont pensées comme des outils de subversion visant la réappropriation des technologies numériques par les individus.
Quentin Destieu utilise les technologies numériques pour mieux les dénoncer
L’installation Maraboutage 3D présente une série de poupées vaudou à taille humaine qui représentent Bre Pettis, un des inventeurs de l’imprimante 3D. Après avoir grandement bénéficié de la collaboration de la communauté Open Source pour mettre au point son projet, cet informaticien a breveté ce dernier afin d’en tirer profit. En réaction, Quentin Destieu a réalisé ces figures humaines déformées, imaginant un retournement de la machine contre son propriétaire par une sorte de maraboutage numérique.
Véritable petit laboratoire de chimie, l’installation Gold Révolution propose d’extraire l’or contenu dans des déchets informatiques pour le ramener à son état naturel. Elle met ainsi en lumière les conséquences géopolitiques, économiques et écologiques du développement illimité des technologies numériques, tout en suggérant une société post-apocalyptique dépourvue de technique. La série de sérigraphie et de vidéo Planète de singes s’approprie l’esthétique pop et en particulier celle du jeu vidéo pour illustrer des paraboles contemporaines autour des aliénations sociétales du monde post-moderne.