Baptiste Debombourg, Lionel Sabatté
Quelques secondes roses
Baptiste Debombourg et Lionel Sabatté partagent des préoccupations communes. Cette complicité d’esprit s’est révélée en prenant la forme d’une oeuvre réalisée en concertation, «Hells Angels », chacun y apportant sa problématique. Cette exposition n’est pas une collaboration mais une rencontre entre deux artistes d’une même génération dont les interrogations dialoguent les unes avec les autres.
Chez Baptiste Debombourg, c’est le volume, l’espace qui priment, pour Lionel Sabatté c’est la peinture, le jaillissement de la matière, des couleurs. Baptiste Debombourg développe une recherche à travers le champ élargi de la sculpture, en lien avec son environnement faisant échapper les objets à leur médiocrité première. Le vulgaire, le standard «va en s’élevant» pour reprendre l’étymologie du mot sublime (sublimis en latin).
Baptiste Debombourg s’intéresse à notre usage des objets du quotidien et à leur fonction — en particulier aux objets standardisés: emballages, cartons, caddie, automobile —, de la production en série jusqu’aux différents modes d’appropriation dont ils sont l’objet (customisation, tuning). Les dispositifs conceptuels de Baptiste Debombourg sont d’une hybridité artistique, à la fois dessins, sculptures, photographies, films, chaque projet naît d’une rencontre, d’une curiosité renouvelée, une observation minutieuse de la réalité la plus pragmatique, la plus élémentaire.
Lionel Sabatté transcende d’une manière purement poétique et informelle cette même réalité liée à l’environnement à travers une série de dessins et de toiles de très grand format. Sabatté n’hésite pas à utiliser la couleur rose. Le rose est la couleur ambiguë par excellence, à la fois sous-rouge pour les physiciens qui le considèrent comme un rouge désaturé et couleur fragile et éphémère, placée dès l’Antiquité dans la subjectivité et la poésie.
Le rose nous dit aussi la chair, la sensualité, elle est aussi la couleur de tous les excès, ceux des paradis artificiels. Les grandes huiles de Lionel Sabatté traduisent ces ambivalences, elles sont à la fois ironiques et graves. Les toiles peintes de la couleur de la chair jouent comme des grands corps traversés dans toute leur longueur par de longues traînées de poussière. Ces résidus de particules organiques (cheveux, poils) sont là pour nous rappeler non sans un certain humour notre éphémérité.
Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Céline Piettre sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.
critique
Quelques secondes roses