Présentation
W. J. T. Mitchell
Que veulent les images?
Pourquoi avons-nous des réactions aussi viscérales face aux images? Pourquoi leur conférons-nous un tel pouvoir? Pourquoi faisons-nous comme si les images étaient vivantes, susceptibles de nous séduire, de nous agir d’une certaine manière et parfois même de nous égarer?
Pour W.J.T. Mitchell, l’une des figures majeures des visual studies aux États-Unis, il s’agit de comprendre que les images ne sont pas que des objets inertes charriant des significations, mais bien des êtres animés par des désirs, des besoins et des revendications. Brassant tour à tour les arts plastiques, la littérature et les médias de masse, Que veulent les images? ouvre l’analyse visuelle aux icônes byzantines et aux films cyberpunk, aux stéréotypes raciaux et aux monuments publics, aux idoles anciennes et aux clones modernes, aux images blessantes et aux objets trouvés, à la photographie américaine et aux peintures aborigènes.
En s’intéressant à la brebis clonée Dolly — qui réalise le rêve ancestral de créer une image vivante — ou à la destruction du World Trace Center le 11 septembre 2001, qui marque le retour d’une forme virulente d’iconoclasme dans le champ politique, W.J.T. Mitchell théorise le statut des images à l’ère de la reproductibilité biocybernétique, qui est désormais la nôtre. Ce faisant, il trace des perspectives radicalement nouvelles pour la tradition ancienne de l’iconologie.
W.J.T. Mitchell est professeur de littérature et d’histoire de l’art à l’université de Chicago. Il dirige également la célèbre revue américaine Critical Inquiry. En français, les ouvrages suivants sont déjà parus: Iconologie. Image, texte, idéologie (2009) et Cloning Terror (2011).
«Les vieilles superstitions ayant trait aux images — selon lesquelles elles seraient dotées de “vies propres”, elles nous inciteraient à accomplir des actes irrationnels, elles recèleraient des forces potentiellement destructrices, elles nous séduiraient et nous corrompraient — ne sont pas moins puissantes aujourd’hui qu’hier.
Marqué par l’innovation scientifique et technique, ainsi que par l’émergence de nouveaux groupes sociaux et religieux, le contexte contemporain leur a peut-être conféré des formes inédites, mais leur structure profonde demeure identique. Celle-ci ne saurait être ramenée à une simple phobie psychologique, pas plus qu’elle n’est réductible à des doctrines religieuses mêlant prescriptions et interdits (que l’on peut respecter ou enfreindre).
Je dirais plutôt qu’il s’agit d’une structure sociale fondée sur l’expérience de l’altérité, en particulier — telle est la première loi de l’iconoclasme — sur la représentation de l’autre comme idolâtre.»
W.J.T. Mitchell
Sommaire
— Préface
PREMIERE PARTIE. IMAGES
— Chapitre I: Signes vitaux/Terreur clone
— Chapitre II: Que veulent les pictions?
— Chapitre III: Les traits du désir
— Chapitre IV: La plus-value des images
DEUXIEME PARTIE. OBJETS
— Chapitre V: Objets trouvés
— Chapitre VI: Images offensantes
— Chapitre VII: Empire et objectivité
— Chapitre VIII: Romantisme et vie des choses
— Chapitre IX: Totémisme, fétichisme, idolâtrie
TROISIEME PARTIE. MEDIAS
— Chapitre X: L’Adresse des médias
— Chapitre XI: Abstraction et intimité
— Chapitre XII: Ce que veut la sculpture. Situer Antony Gormley
— Chapitre XIII: Les fins de la photographie américaine. Robert Frank, médium national
— Chapitre XIV: La vie en couleur. Race, stéréotype et animation dans Bamboozled de Spike Lee
— Chapitre XV: L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité cybernétique
— Chapitre XVI: Montrer le voir. Une critique de la culture visuelle