Fille et petite-fille de marionnettistes, la danseuse et chorégraphe Nina Santes a l’habitude de tirer les ficelles des différents aspects de ses spectacles. Elle a déjà produit trois pièces : Transmorphonema (2015), Self-Made Man (2015) et Hymen Hymne (2018). Dans ses deux dernières duos – Pyrame et Thisbé ainsi que A Leaf – elle joue tout autant sur le corps que sur la voix, sur la danse que le chant. L’Atelier de Paris programme les deux pièces chorégraphiques pour une soirée qui promet d’étonner.
Pyrame et Thisbé : une relecture du mythe d’Ovide par Nina Santes et Soa de Muse
Le spectacle s’inspire de l’histoire de Pyrame et Thisbé, contée par Ovide dans les Métamorphose et transposée des siècles après dans la fameuse pièce de Shakespeare, Roméo et Juliette. Pyrame et Thisbé sont deux amants dont les parents ont interdit l’union. Habitant des maisons contiguës, ils parviennent à se parler à travers une fissure dans le mur et finissent par se donner rendez-vous. Cependant, un malentendu mène Pyrame à croire que sa bien aimée a été dévorée par un lion, ce qui le pousse au suicide. Thisbé, en réalité saine et sauve, se tue ensuite en découvrant le corps sans vie de son amant. Mêlant la danse, le chant et la performance, Nina Santes propose une relecture du mythe en duo avec Soa de Muse, une figure iconique du burlesque et du travestissement.
A Leaf : l’hymne écoféministe de Célia Gondol et Nina Santes
Le spectacle est la recréation d’une pièce musicale et chorégraphique intitulée A Leaf, Far and Ever que Célia Gondol et Nina Santes avaient conçue en 2016. Elles y exploraient des vibrations sonores de l’univers captées par la NASA. A l’aune de l’urgence climatique et de l’affermissement de leur conception écoféministe, les deux artistes ont revisité et refondu la pièce, devenue A Leaf, dans laquelle l’art sert à faire naître une nouvelle cosmogonie pour l’humanité.
A Leaf prend la forme d’un concert chorégraphique, au cours duquel s’entremêlent des danses, des chants et des discours. Le public contribue à la réalisation du spectacle en chantant en chœur avec les artistes ou en échangeant avec elles à leur demande. A mesure qu’elles posent les graines d’une pensée qui fond l’écologie et le féminisme, les corps-mêmes de Célia Gondol et Nina Santes se fondent avec la nature : elles se dénudent et revêtent des feuillages ou des images de rivières sinueuses, tout en interprétant des gestes cataclysmiques et des ondulations gravitationnelles. La bande sonore de l’univers, accompagnée de considérations biologiques et astrophysiques parachèvent le décor.