Deux courts solos de trente minutes, Pulse Constellations de Gabriel Schenker et Sweet (Bitter) de Thomas Hauert, s’attachent différemment à sonder les rapports entre danse et musique, à partir des compositions originales de John McGuire et Claudio Monteverdi.
Pulse Constellations : précision et indétermination
Pièce créée en 2106, Pulse Constellations de Gabriel Schenker trouve son origine dans la musique électronique de John McGuire. Partition écrite en 1978, Pulse Music III, révèle une composition complexe puisque celle-ci est faite de diverses strates. Elle assemble différents types de pulsations, de tempos et de mélodies pour former une séquence de vingt-quatre sections distinctes mais interdépendantes, chacune se rapportant à l’autre de manière inattendue et soudaine.
La chorégraphie de Pulse Constellations s’emploie non seulement à traduire cette même structure de composition complexe, mais décompose aussi celle-ci afin d’en souligner toute la gamme des rythmes et leurs différentes articulations. Pulse Constellations apparaît alors comme un spectre de rythmes et d’agencements permettant à Gabriel Schenker d’approfondir les rapports entre composition musicale mathématique et chorégraphie, entre précision de la musique électronique et indétermination des mouvements dansés.
Sweet (Bitter)
Le travail chorégraphique de Thomas Hauert laisse habituellement place à l’improvisation et fait siennes les relations discordantes entre liberté et contrainte, individu et groupe, ordre et désordre, forme et informe.
Sweet (Bitter), solo créé en 2015, ne manque pas d’être marqué par les exigences contraires de la liberté et de la contrainte, de l’ordre et du désordre, Thomas Hauert ayant choisi de d’«opposer» composition musicale et chorégraphique. Sweet (Bitter) prend ainsi pour point de départ un madrigal de Monteverdi, Si Dolce è’l Tormento, qu’il met par ailleurs en rapport avec les 12 Madrigali du compositeur italien Salvatore Sciarrino (2007), interprétation du madrigal original de Monterverdi.
Puisque le madrigal de Monteverdi a donné lieu à de nombreuses interprétations, Thomas Hauert fait de celles-ci le support d’une improvisation chorégraphique. Loin d’enchaîner simplement des moments dansés illustrant une suite d’interprétations de compositions musicales jouées dans leur ensemble, Sweet (Bitter) entend au contraire créer une véritable dramaturgie à partir de ces éléments.