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Psychopompes

06 Mar - 07 Avr 2008
Vernissage le 05 Mar 2008

Sur le thème de la fiction, l’exposition, inspirée par Le Jour des morts-vivants de Georges A. Romero, présente une sélection d’œuvres de six jeunes artistes français à regarder avec l’œil du psychopompe, « guide des âmes » vers l’autre monde.

Communiqué de presse
Nadine Blandiche, Hervé Ic, Marc Molk, Emile Morel, Florence Obrecht, Franck Rezzak
Psychopompes

Les refuges contemporains de la pensée magique sont devenus rares. Mais c’est ainsi, de façon clandestine, qu’elle investit encore les esprits. Aussi, le niveau de lecture à poser sur les oeuvres doit quitter la ressemblance de l’image pour comprendre cette convergence d’attitudes face à l’imaginaire, une méta-vision dans à un monde désabusé et malgré tout joyeux.

Commencée en 1968, la tétralogie des morts-vivants de Romero (1968 : La Nuit des morts-vivants, 1978 : Zombie, 1986 : Le Jour des morts-vivants, 2005 : Le Territoire des Morts) tire un trait fulgurant sur quarante ans d’une société idéaliste et capricieuse, en conflit avec le réel. Car la mise en pratique de certains idéaux s’avère fortement catastrophique – c’est une constante des séries Z. Comprendre : leurs domaine de prédilection n’est pas nécessairement la réalité, mais peut aussi bien être le rêve, l’irrationnel et le mythe, dont on aurait tort de négliger la puissance.

C’est une tendance lourde, que de porter au théâtre les plis du réel. Mais cette façon d’investir les fantasmes de l’esprit, dans sa forme la plus sociale, voire la plus commerciale, appartient à l’époque. Peut-être s’agit-il ici d’une réélection de la culture populaire, de la prise en compte des médias au même titre que nos fondamentaux mythologiques, ou de l’adaptation d’une logique “relationnelle” aux spécificités de la forme visuelle.

Lorsque les choses sont bloquées, le passage dans cet autre monde, sans limite, mais non sans contrainte, propre aux artistes et aux psychopompes est déjà une issue. Un prémisse de crise / rupture / dépassement que l’imaginaire transporte à son faîte.

“ Il prenait des positions réelles sur des “futures” sur lesquelles tout se passait normalement. Mais il prenait aussi des positions fictives de manière très intelligente. “ Comme nous l’explique très clairement Daniel Bouton, Pdg de la Société générale, à propos du célèbre trader, dans Le Figaro du 28/01/2008.

Les sculptures de Nadine Blandiche sont à la limite de l’organique et du mécanique. D’allure oblongue,aérodynamique, performante, en polyuréthane expansé recouvert de cuir, elles épousent une esthétique de surface et de tension qui semble provenir de la mouvance suprématiste à travers le Manga. Elles ont toujours été là et on ne les a jamais vues. Tantôt abstraites, tantôt humanoïdes, aux couleurs de chair synthétique. Car l’esprit de son travail est intimiste, à la fois attractif et inquiétant, il inspire des sentiments conflictuels que l’on pourrait porter à l’imaginaire du registre amoureux.

Du travail de Hervé IC, Frédéric Bouglé dira : “Ce que l’artiste dépeint dans ses personnages, c’est sa réactivité aux autres, et à son environnement. Parfois, avec une certaine férocité, leurs images sont déformées, comme vues à travers la loupe de sa condition réelle.” Avec une technique très minutieuse, faite de transparence et de superposition, il élabore des scènes complexes, à la dramaturgie symboliste très XVIIIe siècle, que l’œil explore dans sa profondeur illusionniste.

Marc Molk peint souvent des sujets à caractère politique et de façon guillerette. Il « enjolive », il parie sur le « joli » comme catégorie du beau à part entière, jouant du contre-pied qui existe entre le sérieux de son sujet et la légèreté apparente de son traitement pictural. Par des tableaux qui s’offrent à la fois comme “crus” (toile apparente,aplats, pulvérisations) et “riches” (détaillés, en technicolor, forts d’une signification explicite), Marc Molk construit un objet tiraillé entre l’humilité du concret et la noblesse d’une fonction symbolique.

Emile Morel crée des univers digitaux à la pointe du pixel-art. Ces visions fantasmagoriques peuplées de personnages hybrides, à mi-chemin entre merveilleux médiéval et enfer dantesque, mettent en scène les pulsions primitives, bestiales et idylliques d’une mythologie intimiste. Allégories de la vie, de la souffrance et du désir, les œuvres d’Emile Morel surprennent par la luxuriance de leurs détails et leur pouvoir d’évocation.

Les portraits de Florence Obrecht, à la frontière entre objet et peinture, sont les accessoires de mises en scène plastiques et multimédia empreintes de romantisme. Entre enfance, adolescence et âge adulte, entre vie et mort, ses représentations d’anges, de baigneuses et d’Ophélie incarnent un entre-deux, un passage qui voudrait ne jamais se refermer. Elles s’enrichissent d’expérimentations où un réalisme quasi-illustratif se nourrit de gestes et d’éléments décoratifs, tirant parti d’accidents et de dérapages contrôlés pour créer une ambiance de flottement féerique permanent. En construisant son monde, Florence Obrecht  joue à fuir le réel avec grand sérieux.

Franck Rezzak, élabore un lieu fantôme: le RezzahotelL, bâtiment organique en mutation, Hôtel-Cerveau où se greffent couloirs ombilics, salons/appendices, chambres métastase… Tel les “Entre-Sorts” forains du XIXe siècle, l’hôte est accueilli par un réceptionniste surréaliste qui l’invite à se perdre… Méduse, chat aux yeux brillants, figures androgynes et têtes de mort flottantes se succèdent sur les rythmes graphiques d’une fable mentale. A l’instar de la Villa des Mystères de Pompeï, ses installations qui englobent l’espace, nous plongent dans l’œuvre tel un huis clos circulaire, créant ainsi une réflexion consciente/inconsciente entre l’image et le visiteur, proposant une réalité/miroir.

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