Fabrice Hyber
Prototypes d’Objets en Fonctionnement (Pof)
Fabrice Hyber modifie la conscience et la pratique que nous avons de ces objets, puisque leurs formes réinventées induisent de nouveaux comportements. En déplaçant leur fonction originelle, les Pof génèrent un mode d’appropriation singulier et nécessitent souvent l’invention d’un mode d’emploi pour un usage en constante évolution, questionnant ainsi la relation que l’on entretient avec les objets du quotidien et plus généralement, l’œuvre d’art.
Fabrice Hyber, artiste prolifique présent depuis plus de vingt-cinq ans sur la scène artistique internationale et lauréat du Lion d’Or de la Biennale de Venise en 1997, a construit un œuvre rhizomatique, où chaque pièce se fait l’écho d’une autre, créant ainsi un ensemble protéiforme qui reflète le foisonnement de sa pensée.
S’il en matérialise le processus à l’aide de la peinture, la sculpture, l’installation, la vidéo, ou encore en investissant le champ de l’entreprise et du commerce, c’est bien le dessin qui est à l’origine de toutes ses Å“uvres. À cet égard, les Pof sont symptomatiques de ces mécanismes, sur un mode léger, inventif, insolite, ludique, parfois utopique, critique ou satirique, mais toujours humoristique.
L’exposition monographique du Mac/Val, entre en résonance avec celles proposées parallèlement par le Palais de Tokyo, la Fondation Maeght et l’institut Pasteur, pour éclairer l’œuvre de l’un des artistes français les plus bouillonnants et inventifs d’aujourd’hui.
L’évidence des Pof
«À la suite des objets hybrides (exemple Chatouille, 1988), les Pof sont apparus en 1991, lorsque j’ai vu que les objets expérimentaux, issus de mes recherches, pouvaient susciter de nouveaux fonctionnements. Qu’ils pouvaient provoquer et développer à l’atelier, comme chez les visiteurs dans les expositions, des facultés, des aptitudes ou des attitudes inattendues. Les visiteurs devenaient des acteurs et les objets n’étant jamais finis, il y avait la possibilité que le développement soit durable. L’invention du terme Prototype d’Objet en Fonctionnement, vient de la nécessité d’offrir aux visiteurs des alternatives à la simple contemplation. Lors d’une exposition, j’ai vu que l’objet activait dans l’esprit du visiteur une écologie mentale: plus positive que l’écologie comportementale, celle-ci montrait que notre action peut être induite en amont et que les Pof nous permettent d’absorber de nouveaux systèmes et surtout, d’en inventer.
À la différence d’un Prototype industriel, le Pof aborde la méthode de fabrication et devient peu à peu un mode d’emploi. Le Pof libérez les bonzaïs, par exemple, donne la possibilité à celui qui a un bonzaï de le planter en pleine terre: plus de tabou. Aujourd’hui, trois plantations de bonzaïs existent à Vienne, à Tokyo et en Vendée. Les Pof se sont multipliés et ont pris diverses formes, j’ai alors imaginé les Pof shops, des «magasins» où coexistent deux types de Pof: les objets préfabriqués, et les méthodes de fabrication des Pof à faire soi-même. Puis j’ai tourné des vidéos de présentation de chacun d’eux. Là aussi, les vidéos sont devenues des Pof, puisqu’elles ne présentaient pas seulement un mode d’emploi avec une méthode d’utilisation, mais des possibilités de fonctionnement. Elles sont toutes sans paroles. Les Pof sont des ouvertures, des possibilités.»
Fabrice Hyber
Vernissage
Vendredi 19 octobre 2012 Ã 18h30