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Protographies

L’artiste colombien, Oscar Muñoz explore la tension qui s’exerce dans la création des images. Recourant à une pluralité de médiums, son travail «protographique» s’emploie à déjouer, retarder ou défaire l’instant décisif de la fixation de l’image, par des procédés inédits, comme l’impression sur eau ou la révélation par le souffle du spectateur.

Information

Présentation
Óscar Muñoz, José Roca, Emmanuel Alloa
Protographies

Ce livre intitulé Protographies — un néologisme qui évoque l’opposé de la photographie, le moment antérieur ou postérieur à l’instant où l’image est fixée pour toujours — présente l’essentiel des séries d’Oscar Muñoz, regroupées autour des thématiques majeures de l’artiste, qui mettent en rapport de façon poétique et métaphorique son vécu personnel et les différents états de matérialité de l’image. Il associe par exemple la dissolution de l’image, son altération ou sa décomposition avec la fragilité de la mémoire et l’impossibilité de fixer le temps; ou encore l’évaporation et la transformation de l’image avec la tension entre la rationalité et le chaos urbain.

Oscar Muñoz est considéré comme l’un des artistes contemporains les plus importants de son pays natal, tout en suscitant l’attention de la scène internationale. Diplômé de l’Institut des Beaux-Arts de Cali, il développe, depuis plus de quatre décennies, une œuvre autour de l’image en relation avec la mémoire, la perte et la précarité de la vie. Grâce à des interventions sur des médiums aussi différents que la photographie, la gravure, le dessin, l’installation, la vidéo et la sculpture, son œuvre défie toute catégorisation systématique.

Il débute sa carrière dans les années 1970, dans un contexte d’effervescence culturelle et pluridisciplinaire intense qui a permis l’émergence d’une génération d’écrivains, de photographes, de cinéastes et d’artistes de premier plan, tels que Carlos Mayolo, Luis Ospina, Fernell Franco ou Andrés Caicedo.

À cette époque, Oscar Muñoz travaille avec le dessin au fusain sur des grands formats, mettant en exergue des personnages tristes, parfois sordides, empreints d’une profonde charge psychologique.
Dès lors, s’affirment les axes fondateurs de sa pratique: parmi ceux-ci, un intérêt constant et marqué pour l’aspect social, un traitement très spécifique des matériaux; l’utilisation de la photographie comme outil de mémoire; la recherche des possibilités dramatiques des jeux d’ombre et de lumière en relation avec la définition de l’image.

Cet ouvrage est publié à l’occasion de l’exposition éponyme présentée au Jeu de Paume à Paris du 3 juin au 21 septembre 2014.

«Ce long préambule a pour objet de mettre en évidence que l’essence de l’acte photographique ne se trouve pas dans la prise de l’image — les expressions qu’on utilise couramment comme «prendre une photo» ou «appuyer sur le déclencheur» renvoient au moment où, une fois choisis le sujet et le cadrage, l’objectif est obturé — mais dans sa fixation. Quel est le statut de l’image à l’instant qui précède le moment où elle est capturée pour la postérité? On pourrait considérer cette image, ou plutôt cet état de l’image, comme celui d’une photographie en puissance, une photographie naissante: une protophotographie.

Si l’ontologie de la photographie consiste à fixer définitivement et à jamais l’image mobile dérobée à la vie, on pourrait dire que le travail d’Oscar Muñoz se situe dans l’espace temporel antérieur (ou ultérieur) au véritable instant décisif où est fixée l’image: ce proto-moment où celle-ci est sur le point de devenir, finalement photographie. C’est en ce sens que le travail d’Oscar Muñoz est protographique.»
José Roca

Sommaire
— Avant-propos par José Dario Uribe
— Préface de Marta Gili
— Protographies, par José Roca
— L’image soufflée, par Emmanuel Alloa
— Entretien avec Oscar Muñoz, par Maria Wills Londoño
— Œuvres
— Biographie
— Bibliographie sélective
— Liste des œuvres exposées
— Version anglaise

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