L’exposition « La prose de Poséidon » à la galerie du tableau, à Marseille, présente les photographies de Jean-Martin Barbut. Des vues marines qui cristallisent les enjeux de la photographie dans notre rapport à la matière, au temps et à l’espace.
Des photographies marines au plus près de la violence des éléments
Les photographies de Jean-Martin Barbut jettent notre regard au cœur de l’élément marin, au plus près des rouleaux de vagues dont elle saisisse les mouvements et la violence. Chacun des clichés est marqué par un effet de flou qui reflète l’agitation aquatique, la vitesse et la force avec lesquelles l’eau déferle, s’élève et retombe sur elle même.
La photographie intitulée L’oeil de Poséidon saisit l’agitation qui règne au creux de trombes d’eau se fracassant les une contre les autres. Dans La colère de Charybde, l’écume semble se déverser en cascades puissantes. Dans Le retour de Scylla, les vagues déploient des effets picturaux, semblables à d’élégants coups de pinceaux sur une toile.
Les références mythologiques que contiennent les titres des photographies rappellent la nature ancestrale et surhumaine de l’eau, cet élément que Jean-Martin Barbut, avironneur marin, connaît intimement et qu’il tente de capter pour l’amener à hauteur de notre perception. Familier des marées, des courants et des vents, le photographe nourrit son art de son expérience physique. Ses clichés résultent de prise de vue depuis son embarcation menée à la rame, ils sont les fruits d’une pêche en haute mer.
La photographie comme outil pour explorer le mystère de la matière
Le processus photographique de Jean-Martin Barbut est le seul moyen de parvenir à un rendu aussi subtil de la matière aquatique. Car là se trouve l’enjeu de son travail : parvenir à pénétrer au cœur de la matière pour explorer son mystère. La science nous apprend en effet que le monde, dont nous mêmes faisons partie, n’est qu’un foisonnement d’espace et de particules élémentaires. Cette connaissance amène Jean-Martin Barbut à s’interroger sur ce qui, dans cette réalité matérielle, fonde notre sentiment d’exister, nos émotions, nos convictions, nos rêves et même notre savoir.
Pour tenter de répondre à cette question, la photographie devient un outil pour, non pas, dévoiler la matière à son échelle la plus microscopique, mais en donner une représentation allégorique, par un traitement symbolique. La photographie de Jean-Martin Barbut est une évocation à l’échelle de notre œil de que qui se produit à l’échelle des particules.