Double signe : la première œuvre est une photographie de deux ampoules identiques suspendues à leurs fils, qui diffusent une lumière vaporeuse, rendant la photographie énigmatique. Georges Tony Stoll détourne quelque peu la règle du jeu en choisissant de montrer une représentation de lumière. Sa «proposition» n’est pas une réellement une œuvre lumineuse; elle n’émet pas de lumière. Mais en tant que photographie, c’est une empreinte lumineuse… d’ampoules électriques.
Claude Lévêque pose un abat-jour sur des chopes de bière en verre disposées en cercle sur un plateau métallique, lui-même posé sur un miroir. Sont ici mis en présence quatre éléments qui reçoivent la lumière de manière différente : l’abat-jour l’arrête partiellement par son opacité, le verre des chopes la reflète et la laisse le traverser, et le plateau la renvoie partiellement, et le tout est reflété par le miroir sur lequel la pièce est posée.
L’installation d’Ingrid Luche, Long Time Blue, est un amas de fils noirs et blancs, alimentant des ampoules de différentes formes et de différentes couleurs, dans un remake quelque peu épuré de l’installation lumineuse Trinity de Alan Suicide (2001). Le désordre, l’agencement apparemment aléatoire et imprécis de cette guirlande hétéroclite font d’une œuvre  «éclairée» une œuvre embrouillée.
L’ombre de Dan Flavin et Bruce Nauman plane sur les œuvres en néons. Mais l’agressivité des œuvres n’est plus le maître mot : Michelangelo Pistoletto présente un néon, cercle zigzagant branché à une mallette sur laquelle on peut lire «Tutti designers», intitulée simplement Lampe Tutti Designers.
Laurent Grasso nous montre, lui, un double cerceau de néons violet et rose, faisant circuler la lumière sans fin.
Anita Molinero propose un empilement de caissettes de fruits en plastique, qu’elle a creusé et au fond duquel elle a déposé deux ampoules rouges. Dans ISOP, la lumière surgit des profondeurs, au sein de la seule pièce de l’exposition dans laquelle elle se fait discrète, tapie au fond d’un trou.
Up down 2 de Daniel Firman est un lustre baroque dont deux supports d’ampoules sont penchés, prêts à tomber. L’artiste reprend un thème qui lui est cher : la chute et la suspension, comme on a pu le voir avec ses Suspensions, des mannequins suspendus par des barres horizontales à plusieurs mètres du sol, ou encore avec –8, présentée dans sa dernière exposition à la galerie et constituée de deux congélateurs dont le premier paraît être tombé lourdement sur le second.
Suspendue aussi, la pièce de Mathieu Mercier est une sculpture noire composée de plusieurs barres qui pointent dans trois directions et dont l’une de ses extrémités est munie d’une ampoule. Ici l’objet d’art se rapproche fortement de l’objet de design.
Enfin, l’ampoule de Franz West est placée au bout d’une chaîne dressée à la verticale. Private lampe des kuenstlers 2 est une œuvre « domestiquée » dans deux sens du terme : elle prend une forme animale, docile, comme sous l’emprise de la flûte d’un charmeur de serpent, et elle se termine par l’objet domestique qu’est l’ampoule.
Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, les lumières n’interfèrent pas entre elles, les œuvres restent sagement dans leur propre halo. L’exposition rassemble alors les produits d’une recherche commune d’où ressortent des pistes plus différentes les unes que les autres. L’hétérogénéité même de «Propositions lumineuses 2» présente un échantillon des possibilités infinies que recèle la lumière en tant que médium.
Propositions lumineuses 2
Georges Tony Stoll
— Double signe, 1999. Photo contrecollée sur aluminium. 120 x 80 cm
Franz West
— Private lampe des kuenstlers 2, 1989. Chaînes en fer soudées, ampoule. 186 cm
Michelangelo Pistoletto
— Lampe tutti designer, 1989. Néon, valise. 58 x 38 cm
Anita Molinero
— ISOP, 2008. Polypropylène, ampoules. 65 x 48,5 x 28,5 cm
Mathieu Mercier
— Sans titre, 2007. 64 x 32 x 38 cm
Ingrid Luche
— Long Time Blue, 2006. Montages électriques, ampoules flamme et – fluo-compactes, gélatines. 230 x 45 x 30 cm
Claude Lévêque
— eminem, 2008. 6 chopes de bière sur plateau inox et miroir, abat- jour, lampe. 50 X 50 X 100 cm
Laurent Grasso
— Sans titre, 2006. Deux tubes néons. 100 cm de diamètre
Daniel Firman
— Up down 2, 2007. Lustre, système électrique, cristal. 118 x 38 x 38 cm
Pierre Ardouvin
— Eclair, 2007. Système électrique, ampoules. 196 x 223 x 10 cm
Graham Hudson
— Sans titre, 2007. Seau, sac poubelle, lumière, ventilateur. 140 x 60 x 60 cm