L’œuvre de Kristof Kintera peut évoquer les doutes dans lesquels les sociétés post-communistes ou sorties d’un régime autoritaire, en plein essor économique, sont plongées actuellement. Toutefois, elle se ‘mondialise’, en allant au-delà de préoccupations locales, touchant la nature humaine dans ses pulsions à travers l’emploi d’objets du quotidien savamment détournés. La mécanique du rire vient alors creuser une distance critique envers soi et le monde. Humoristiques, langagières, touchantes, les œuvres de cet artiste évoquent des sentiments à la racine de la condition humaine comme la peur, le désir de survie, le plaisir.
Dans cette nouvelle présentation, Kristof Kintera s’adresse particulièrement à la frustration liée à des situations sans issue : la société de consommation à laquelle nous ne pouvons échapper, le désir de protection qui nous coupe du monde, les politiques qui passionnent de moins en moins les jeunes mais dont la démocratie dépend ou encore le corps à la fois scabreux et sexuel. Ainsi Bad Innovation in the name of Protection est une poussette entièrement crée par l’artiste comme démonstration de la portée de nos désirs de protection, de nos peurs et de notre incapacité à faire face à la mort ; Fatal Egoist est un vélo dont l’axe est manipulé, comme retourné sur lui-même. Au moment où l’initiative Vélib’ de la Mairie de Paris bat son plein, le vélo est ici identifié à l’individualiste, incapable d’aller dans les transports en commun, un des seuls endroits fermés où les classes se mélangent. Red is Coming, dont le titre rappelle une menace communiste désuète, est un envahissement figé d’un lieu par une matière étrange de la couleur du sang et de la révolution : à la fois concentré de tomates ou de rages, cette pièce vise l’impalpable émotionnel et pointe vers un temps où le lieu sera plein d’une matière non identifiée mais en tout cas incompatible avec une présence humaine.
critique
Problem on Top of Problems