Matthieu Paley
Prix photo du Muséum national d’histoire naturelle. Hadza – Derniers des premiers hommes
Matthieu Paley réalise en mars 2014 un premier séjour chez les Hadza pour un reportage photo qui l’inspire tellement qu’il souhaite absolument y retourner. Il décide alors de concourir au Prix photo du Muséum. Le photographe remporte la bourse professionnelle d’un montant de 10 000 euros grâce à laquelle il repart compléter son reportage en Tanzanie. Une soixantaine de ses photographies sont exposées dans le Jardin des Plantes.
Petit groupe d’un millier d’âmes vivant dans les savanes du nord de la Tanzanie, les Hadza sont une population africaine vivant de la chasse et de la collecte, sans élevage ou agriculture. Les Hadza vivent comme nos ancêtres il y a des dizaines de milliers d’années, avant l’invention de l’agriculture: ils ne consomment que les aliments qu’ils trouvent dans leur environnement: gibier, miel, plantes. Seuls quelques produits «de confort» sont échangés auprès des tribus environnantes: vêtements, tabac et ornements, qu’ils troquent contre des peaux et du miel.
Le mode de vie libre et intransigeant des Hadza est admirablement rendu à travers la soixantaine de photographies de Matthieu Paley. L’exposition «Hadza – Derniers des premiers hommes» immerge le visiteur dans une culture aux antipodes de ce qu’il peut connaître aujourd’hui et montre des paysages et des hommes empreints de sérénité et de beauté.
Matthieu Paley, immergé dans leur quotidien, les a suivis à la chasse, qu’ils pratiquent avec arcs et flèches. Il participe alors à de longs treks sur la piste des animaux sauvages, les chasseurs devant composer avec un handicap inédit: l’odeur exotique du photographe, facilement détectable par leurs proies potentielles… Ces marches de plusieurs jours leur a toutefois permis de rencontrer la faune environnante: des dik-diks (antilopes naines), des phacochères, des zèbres… ou encore une girafe!
Mais les Hadza ont souvent peu de succès à la chasse. Leur régime alimentaire repose donc essentiellement sur la cueillette, qui peut représenter jusqu’à 70% de leur apport énergétique annuel. Comme ils ne stockent aucun aliment, il n’y a rien à manger au campement le matin. Ils partent donc chaque jour dans la savane pendant quelques heures afin de trouver ce dont ils ont besoin: baies, miel, tubercules, fruits du baobab… et parfois un animal.
Les Hadza sont des nomades qui vivent dans des campements faits de branchages recouverts d’herbe. Quand ils quittent leur campement, branches et herbes retournent à la terre; aucune trace n’est laissée derrière eux. Ils vivent depuis des milliers d’années en harmonie avec la nature. Mais ce qui a le plus marqué Matthieu Paley, c’est avant tout le bonheur et la joie de vivre des Hadza. Suivant leur mode de vie ancestral, ils vivent complètement dans le présent, se concentrant uniquement sur leur survie quotidienne. Pas de projection dans le futur ni de regard vers le passé… ils ne s’inquiètent pas. D’ailleurs, dans leur langue, ce concept n’existe pas.
Matthieu Paley est né à Rouen et a passé une grande partie de ses vacances dans le camping-car familial, sur les routes d’Afrique du Nord, d’Europe et d’Asie mineure. Après des études en photographie à New York, Matthieu Paley s’installe en 1999 dans les vallées de l’extrême Nord Pakistan qu’il sillonne pendant quatre ans. Se prenant de passion pour ces régions montagneuses lointaines, il y a suivi pendant 12 ans les Kirghizes nomades, qui ont fait l’objet de son premier sujet pour National Geographic Magazine en 2012.
Photographe depuis plus de 15 ans, Matthieu Paley a été envoyé en reportage par les plus grands magazines, du Tadjikistan au Bhoutan et de la Mongolie jusqu’à Nauru, île perdue au milieu du Pacifique et plus petite république au monde. Il a réalisé en 2014 un grand reportage pour National Geographic sur l’ethnologie alimentaire, pour lequel il est parti à la rencontre de communautés isolées à travers le monde, comme les Inuits, les Hunzakuts, les Bajau ou encore les Hadza.