Howard Hodgkin
Prints
Cette exposition regroupe un ensemble de gravures exceptionnelles produites entre 1990 et 2014 par l’artiste anglais Howard Hodgkin. Installé en Normandie depuis plus de 20 ans, Howard Hodgkin entretient un lien d’une grande profondeur avec la France. Cet attachement se retrouve d’ailleurs au cœur de son œuvre, qu’Andrew Marr n’hésite pas à rapprocher de celle de Proust: «La comparaison que je fais avec Proust n’est pas futile. Il est l’écrivain dont le projet semble être le plus proche de celui d’ Howard Hodgkin. Il lui fallut à lui aussi une vie de travail pour obtenir son effet, et la création d’une forme tout à fait nouvelle pour le contenir. Dans un cas, les longues phrases ondulées, dans l’autre, la peinture crépitant sur la peinture et de grands traits de couleur, mystérieux et bouillonnants… Mais ils ont eu les mêmes préoccupations.» (Andrew Marr, «Howard Hodgkin: a thank you letter», 2014)
On retrouve régulièrement la gravure dans son œuvre, et pourtant le rapport qu’il entretient avec ce medium est bien particulier. Alan Cristea explique ainsi qu’«Howard Hodgkin n’aime pas vraiment faire des gravures, ou du moins c’est ce qu’il dit, et je le crois. On peut vraiment le comprendre. S’il fait un tableau, il peut le faire quand il veut — quand vient l’inspiration — et s’il tourne mal, il peut tout simplement le détruire et personne d’autre n’en sera avisé. La preuve a disparu. Le problème avec les gravures est qu’il vous faut travailler avec d’autres personnes, et cela implique de travailler à un moment convenu, indépendamment de vos humeurs. Et elles sont si longues à faire — la réflexion, la gravure, puis le contrôle, l’impression et l’édition. Tout cela peut prendre des années, sans compter la signature, la numérotation, et les discussions sans fin à propos de l’encadrement et de la présentation. Et puis il y en a tellement. Elles sont vues par tellement de personnes, dans tellement de lieux différents. Tant de jugements, tant d’expositions.» (Alan Cristea, dans Howard Hodgkin: Acquainted with the Night, catalogue d’exposition, 2012)
Les gravures présentées mettent en évidence la force vitale de l’œuvre d’ Howard Hodgkin, dont la position si particulière n’est «ni abstraite, ni, dans le sens conventionnel, figurative». Accompagnées d’un titre évocateur, ces œuvres appellent à l’interprétation. Abstraites et figuratives tout à la fois, elles sont évocation et représentation.
Wet Day par exemple «dépeint une impression d’humidité, d’eau sur le visage, de fraîche éclaboussure; mais c’est aussi le dessin d’une flaque d’eau». Cette profondeur narrative a attiré nombre d’auteurs tels que Susan Sontag, James Fenton, Alan Hollinghurst et A.S. Byatt ce qui poussa Julian Barnes à le qualifier de «peintre pour écrivain». C’est peut-être là le paradoxe de cette peinture, silencieuse, qui attire «l’attention de ceux dont le métier est de raconter des histoires, décrire, imaginer et expliquer».
Mais finalement l’œuvre d’Howard Hodgkin se contemple. Tandis que les écrivains s’y penchent, passionnés, «nous autres pouvons continuer la tâche bien agréable de regarder intensément, et de trouver nos propres ressemblances dans ces mers et ces mots, autres» (Alan Cristea, dans Howard Hodgkin: Acquainted with the Night, catalogue d’exposition, 2012).
Howard Hodgkin est né le 6 août 1932 à Hammersmith, Londres, Royaume-Uni.