Exposée en juin 2012 dans le cadre du Printemps des arts à Tunis, l’œuvre Celui qui n’a pas… de Nadia Jelassi a suscité de vives réactions de la part des islamistes. L’installation de l’artiste tunisienne mettait en scène trois bustes de femmes voilées entourés de pierre. Cette référence explicite à l’adultère a aussitôt été condamnée par les extrémistes religieux. Des manifestations ont eu lieu conduisant à de violents affrontements.
Le 28 août 2012, Nadia Jelassi a été convoquée devant le juge d’instruction pour répondre de «troubles à l’ordre public». Elle a dû justifier ses intentions artistiques et expliquer l’œuvre mise en cause: «Le juge a exigé une interprétation. Il m’a demandé quelles étaient mes intentions, si c’était de provoquer les croyants? Déclare Nadia Jelassi. Je ne parle pas d’instruction mais d’inquisition…»
Suite à ces évènements une campagne de soutien a été lancée sur internet. Nadia Jelassi a été la première à publier en ligne son portrait barré d’une règle. Cette image fait écho aux tests anthropométriques auxquels l’artiste a été soumise au Palais de Justice. Dernièrement des portraits reprenant celui de l’artiste se sont propagés sur la toile en signe de solidarité.
Réfugié en France suite à des menaces de mort, l’artiste Mohamed Ben Slama est lui aussi convoqué au tribunal, victime des mêmes accusations.
Si la première réaction du Ministre de la Culture tunisien Medhi Mabrouk a soulevé la polémique, il semble aujourd’hui que celui-ci revienne sur ses positions. Après avoir affirmé que certaines œuvres exposées portaient «atteinte à des symboles de l’islam» puis fermé la galerie, Medhi Mabrouk offre désormais un soutien aux artistes et exprime sa confiance dans la justice tunisienne.
Consulter
l’interview de Meriem Bouderbala, commissaire de l’exposition du Printemps des arts