Floriane de Lassée
Présences
Qui se cache derrière cette paroi? Que fait cette femme? Est-elle est danger? Se dérobe-t-elle des regards? La nouvelle série de photographies de Floriane de Lassée, «Présences», reprend le motif de la fenêtre derrière laquelle des solitudes apparaissaient, dans les mégapoles de la série Inside Views, pour cette fois-ci, présenter plus explicitement l’être humain hors de tout contexte. Un corps à corps avec la paroi s’engage alors que le regardeur s’interroge sur le sens de cette chorégraphie sans nom et sans visage.
Floriane de Lassée a donné pour seule consigne à ses modèles de chercher à passer de l’autre côté de cette paroi vitrée, semi-opaque. La photographe saisit les pauses de ces acteurs anonymes au moment où les zones de contact deviennent des îlots de netteté. Justement, leur anonymat et l’absence de contexte de ces images augmentent les interrogations. Floriane de Lassée s’amuse des émotions que ses photographies peuvent provoquer: l’attirance, l’effroi et la fascination sont suscités tour à tour, redoublés par le dispositif des caissons lumineux qui reproduisent à échelle humaine les corps de ces silhouettes éthérées.
Celles-ci sont-elles captives? Sont-elles seulement en retrait, paisibles? Une chose est certaine: le regardeur est en position de voyeur et la mise en situation des photographies instille le doute. Est-ce une situation réelle ou bien virtuelle? A-t-on à faire à une personne physique ou à son impression photographique sur film?
Le dispositif mis en place est proche de celui de l’installation. Floriane de Lassée peut modifier l’intensité de chaque caisson afin de s’adapter à la luminosité du lieu dans lequel elle expose ses œuvres.
De ses images fixes, Floriane de Lassée a composé une suite logique en mettant bout à bout les clichés d’un même modèle. Un «dessin» animé en ressort, mettant en lumière un corps aux postures légèrement saccadées. Le mouvement n’est pas ici décomposé pour être analysé, comme en son temps Etienne-Jules Marey a pu le mettre au point; il met plutôt en exergue un corps dans ce qu’il a de plus animal et refoulé. Les photographies de Floriane de Lassée oscillent entre sensualité et animalité et embrassent la part d’ombre et de lumière de la nature humaine.
Vernissage
Jeudi 7 avril 2011. 18h-21h.