Zbynek Baladran
Preliminary Report
Révéler et dissimuler, créer et détruire immédiatement.
J’écris parce que nous vivions côte à côte, parce que j’étais l’un d’eux, une ombre cernée par leurs ombres, un corps à proximité de leurs corps.
L’écriture est un mémorial pour leurs morts.
Dans un rêve quelqu’un m’a demandé: Vers quoi cela convergera-t-il?
J’ai répondu impulsivement: Vers le communisme des sens.
Textes des sculptures
Trou noir
Mourir était ce qui me terrifiait le plus.
Je croyais que, lorsque je suis venu au monde, il y avait une sorte de signification naturelle à ma naissance. Et que ce sens me serait finalement révélé, de lui-même.
Je ne pouvais pas imaginer que ma naissance ait pu être dénuée de sens.
Je vivais dans un lotissement en construction en bordure d’une ville industrielle.
Cela semblait ne pas avoir de sens. Cependant, j’attendais que le sens profond de ma vie en cet endroit finisse par se révéler de lui-même. J’imaginais que ce serait comme lorsqu’on remonte un réveil. Quand on ne peut plus remonter le petit ressort à l’intérieur, on le sait.
Mais le temps continuait de se remonter lui-même et rien ne se produisait. J’ai commencé à penser que je l’avais trop remonté! J’étais fébrile à l’idée que j’avais raté le moment.
Et alors tout fut clair pour moi! Oui, je l’avais forcément raté! Tout ce que j’avais à faire était de regarder les autres. Ils semblaient déjà tout savoir! Ils vivaient leur vie, ils allaient et venaient avec tellement d’assurance.
Bien sûr qu’ils savaient, et moi, j’avais raté ça! Ils marchaient sur les planches entre les blocs des immeubles et ils étaient heureux! Donc leur avenir était clair, parce qu’ils connaissaient le sens de tout cela et qu’ils pouvaient agir en conséquence.
J’étais triste mais, quoique je puisse faire, je n’aurais probablement pas une deuxième chance. Mais mon avenir est clair lui aussi. Je vais mourir et je ne saurai jamais de quoi il était question.
Three Exercises
Un exercice simple:
Faisons semblant d’être mort, comme si notre ego s’était volatilisé et qu’il n’avait pas conscience de faire partie d’un être vivant. N’imagine pas l’âme, mais juste toi-même comme une sorte d’étrange entité qui se déplace dans le monde, qui bouge, qui mange, qui boit et qui défèque. Imagine la multitude de sensations dont tu prends conscience. Imagine que tu agis selon ces sensations, que tu as un besoin compulsif, irrésistible, d’agir en fonction d’elles. Par exemple, tu vas aimer d’autres morts ou, au contraire, tu ne vas pas les aimer. Imagine que tu couches avec certains de ces cadavres. Certains d’entre vous auront la possibilité de donner naissance à d’autres cadavres. Imagine que tu vives comme cela longtemps; en réalité, tu ne vis pas, mais cela dure quand même un certain temps. Imagine que cette aliénation dure très longtemps.
Un autre exercice:
Assieds-toi sur une chaise et regarde dans le vide. Pense à tout ce que tu as voulu faire. Puis lève-toi et fais peu à peu tout ce que tu as décidé. Fais le contraire, plutôt.
Tu voulais laver la vaisselle, alors va faire exactement le contraire. Ne fais pas la vaisselle. N’importe qui d’un peu plus inventif pourrait casser la vaisselle. Plus tard tu devais voir un ami. Ne vas pas au rendez-vous. Une part de toi peut l’appeler et commencer à l’injurier, alors il annulera certainement le rendez-vous. Continue de cette façon toute la journée. A la fin de la journée, assieds-toi sur la chaise et regarde dans le vide à nouveau. Si tu es fatigué, ne vas pas te coucher pour dormir.
Recommence le lendemain matin.
Un autre exercice:
De la fumée sort de ta bouche, un nuage, une main poisseuse touche le rectum, un doigt glisse à l’intérieur, ce n’est pas excitant, mais que se font les autres avec plaisir?