Précipite-toi

Communiqué de presse
Emmanuel Aragon
Précipite-toi

Deux longues lignes d’écriture parcourent et cernent tout l’espace d’exposition. Deux voix qui s’entremêlent et souvent se confondent, celle d’un monologue intérieur et celle de mots adressés à un être cher. L’intimité et la menace s’y croisent, comme le calme rassurant et la colère la plus vive.

La langue est celle de la parole. Les mots nous traversent tous, et c’est avec eux que se joue l’individuel, par un phrasé fait d’emprunts et de raccourcis, d’altérations, d’accents. Dans la frontalité du mur cette parole nous fait face. Elle prend l’opacité et la densité d’un corps, ses tensions, ses courbures, ses mouvements.

Cette langue presque étrangère au premier regard demande pour la lire un temps d’accommodation, pour pouvoir entendre quelqu’un, saisir des fragments plus ou moins longs de son récit.

L’inscription est faite d’un geste sans retour possible, comme une respiration impulsive. Le texte s’écrit là, à l’échelle d’un corps ni agrandi ni recopié, s’ouvrant parfois avec une lettrine, ou un mot crié.

Cette exposition résonne avec Dans ta peau, un ensemble de dessins-textes en cours, écrits par embossage sur papier et pouvant devenir invisibles ou se révéler à la lecture selon leur éclairage. Ensemble constituant par sa quantité et son format une installation qui semble dépasser la lecture en un seul tenant, approchant la dimension d’une vie, de la rencontre forcément elliptique avec une personne.

Comme cette série, Précipite-toi est composé d’un matériau rudimentaire, du simple geste d’écrire, tourné vers l’articulation de ces éléments primaires de l’être: le corps et la parole.