— Directeur de la rédaction : Roselyne Marsaud Perrodin
— Éditeur : Presses universitaires de Rennes, Rennes
— Parution : automne 2002
— Format : 24 x 17 cm
— Illustrations : quelques, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 112
— Langue : français
— ISSN : 1278 4370
— ISBN : 2-86847-792-5
— Prix : 14 €
Éditorial
par Roselyne Marsaud Perrodin (extraits, p. 2, 3, 4 et 5)
Ce nouveau numéro poursuit des réflexions amorcées lors de nos précédentes publications : réflexion esthétique sur l’art, relations entre l’écriture et les arts plastiques, le « multiculturalisme » contemporain.
Nous avions traduit un texte de Lambert Wiesing sur la question de la photographie abstraite et concrète dont le questionnement méthodique et essentiel révélait un grande rigueur de pensée. Dans la partie Théorie, nous publions un autre essai de ce jeune philosophe allemand sur la question de « Comment penser l’objet, comment penser l’art ? » qui nous propose une façon particulière d’envisager la problématique de l’objet et de l’objet d’art en relation avec la phénoménologie. En effet, dans les débats de l’histoire de l’art, le point de vue phénoménologique est considéré plutôt comme conservateur. Cela vaut pour la question de l’art et non pas pour le domaine de l’image dans lequel les phénoménologues occupent une position dominante. Or, toutes les Å“uvres d’art ne sont pas des images et toutes les images ne sont pas des Å“uvres d’art, différence qui lui permet de poser la question suivante : qu’est-ce qui est, quand, et pourquoi, une Å“uvre d’art ? L’essai de Lambert Wiesing tente de voir pourquoi la phénoménologie a éprouvé tant de difficultés dans le débat sur la question de l’art. (…)
La question de l’écrit et des arts plastiques est un sujet vaste, que nous avons traité cette fois-ci dans la partie Pratique sous l’angle des écritures en abordant la typographie envisagée comme langue écrite, puis avec un sujet à partir des Å“uvres de l’écrivain Perec, et enfin par un essai sur les résonances mouvantes de l’écrit et du son. Ces textes ont été élaborés par des penseurs qui s’inscrivent aussi dans la pratique soit en tant qu’artiste soit en tant qu’intervenant auprès d’étudiants. Donc des points de vue théoriques qui sont en rencontre avec un faire concret. Les essais se proposent de montrer comment les différentes disciplines ouvrent des champs autres avec lesquels elles sont en dialogue et d’en analyser les processus. (…)
La Médiation aborde la question de la dispersion à partir de la Documenta 11 de Kassel, 2002, par l’expérience même de Renée Green, artiste afro-américaine et participante à l’exposition, et d’Elvan Zabunyan spécialiste de la question de la diaspora africaine. Visiter ne serait-ce que l’exposition de la Documenta 11, la cinquième plate-forme du travail gigantesque de déplacements de territoires menée par Okwui Enwezor et son équipe internationale de commissaires, a été de l’ordre de la performance même pour un spectateur averti (4 plate-formes dans 4 villes différentes et pour plate-forme 5, l’exposition, cinq lieux d’expositions à Kassel). L’accumulation et la juxtaposition des Å“uvres ont formé un énorme ensemble qui a donné, à beaucoup de visiteurs, le sentiment d’un manque d’articulation des problématiques et de visibilité de ce que l’on souhaitait justement mettre à jour. Manque, dans les publications données au public, des quelques ressorts essentiels de la démarche; manque de respiration dans l’espace claustrophobique et labyrinthique à la limite du totalitaire du bâtiment de la Binding-Brauerei; manque d’espace et de temps pour visionner dans des conditions correctes l’invraisemblable collection de films et de vidéos qui demandait à elle seule, ainsi que le remarque Elvan Zabunyan, une dizaine de jours. Dans ces conditions, la médiation a semble-t-il été particulièrement mal réfléchie alors qu’à Vienne (la première plate-forme) ce sont les processus même de production culturelle qui devaient être éclaircis et que la médiation de ces processus aurait pu être mieux menée. (…)
(Texte publié avec l’aimable autorisation des Presses universitaires de Rennes)
Les auteurs
Philippe Buschinger est chercheur indépendant au CEEI (Centre d’étude de l’écriture et de l’image), université Paris VII, spécialiste de la poésie concrète et visuelle ainsi que de la typographie comme langue écrite. Travail artistique sur les inscriptions urbaines : Safari Typographique, vol. 1, Paris : Onestarpress, 2001.
Andrée Chauvin-Vileno, professeur en sciences du langage (sémiotique littéraire) à la faculté des lettres de Besançon, université de Franche-Comté, travaille au laboratoire de recherche le Laseldi-Grelis. Elle a publié un certain nombre d’articles consacrés aux textes de Perec.
Renée Green, née en 1959 à Cleveland, Ohio, États-Unis, est artiste et professeur à l’École des beaux-arts de Vienne et de Santa Barbara. Elle vit et travaille à Santa Barbara, États-Unis.
Anne Françoise Penders, née en 1968 à Liège, Belgique, est historienne de l’art, romancière et artiste plasticienne. Elle vit et travaille in situ et à Bruxelles.
Lambert Wiesing est philosophe, professeur à l’université de Jena, Allemagne. Études de philosophie, d’histoire de l’art et d’archéologie à Münster. De 1993 à 1999, il a été vice-président de la « Société Allemande d’Esthétique ». Professeur suppléant en Philosophie aux universités de Bamberg et de Iéna, il est, depuis 2001, professeur de Théorie comparée de l’image à l’université de Iéna. Principales publications : Stil statt Wahrheit. Kurt Schwitters und Ludwig Wittgenstein gisthetische Lebensformen, Munich : Wilhelm Fink-Verlag, 1991; Die Sichtbarkeit des Bildes. Ceschichte und Perspektiven derformalen Asthetik, « Rowohlts Enzyklopâdie », Reinbek bei Hamburg, 1997; Phânomene im Bild, Munich : Wilhelm Fink-Verlag, 2000.
Elvan Zabunyan est historienne de l’art, maître de conférence d’histoire de l’art contemporain, à l’université Rennes II, et commissaire d’expositions.