Avec ces photographies d’hommes, voire de personnages, politiques, Raymond Depardon propose une rétrospective des personnalités qui ont marqué la politique au cours de ces cinquante dernières années. Il dévoile ainsi une part du «jeu politique» qui s’est instauré entre l’homme politique et son image conjointement au développement de sa force médiatique.
Au début de sa carrière de photoreporter en 1960, Depardon avait alors dix-huit ans, le photographe était le seul relais entre les hommes politiques et le public. C’est par la photographie reproduite dans les magazine et les journaux que passait la reconnaissance d’un visage et que nouaient les relations des dirigeants et des élus avec le peuple. La télévision n’occupait alors qu’une place secondaire dans le paysage de l’information… Ce n’est qu’à la fin des années 1970 qu’elle est venue concurrencer la presse écrite et déclencher une crise du reportage, à la fois du photoreportage, et du reportage d’auteur. Les politiciens se sont vite tourné vers cet outil dont la puissance et les possibilités dépassent de beaucoup celles de la photographie. Quitte à se faire prendre au jeu…
Les photographies sont exposées de façon linéaire, toujours accompagnées d’un texte imprimé sur un cartel épousant le format de l’image, dispositif d’exposition qui rappelle celui du livre cher à Depardon. Chaque personnalité est représentée comme sur une double page de livre. La photographie à gauche et le texte à droite, sur la «belle page».
Dans le texte, Depardon resitue le moment et les circonstance de la prise de vue. Les mots occupent une place majeure dans son travail dans lequel les images deviennent comme le prétexte à exposer les conditions du reportage, ou la position de Depardon-photographe. Une relation forte s’établit entre l’image et le récit qui fait déborder la photographie au-delà du voir. Une autre trame, narrative, est tissée par les mots sous les photographies d’information.