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Pourquoi pas autrement?

10 Avr - 23 Mai 2015
Vernissage le 10 Avr 2015

On découvre ici trois grands tableaux peints à l’acrylique. Leur aspect est plutôt lisse. Pourtant, selon de Charles-Henri Monvert, tout se passe dans la matière picturale bien plus que dans la composition ou dans la couleur. La faible épaisseur qui donne à la matière cette consistance procure au tableau sa tension et l’intensité chromatique voulue.

Charles-Henri Monvert
Pourquoi pas autrement?

Charles-Henri Monvert L’artiste écarte toute idée de projet, de contrôle, d’intervention même, de protocole en tout cas, au profit de cette autonomie fantasmatique du tableau comme objet, dont on nous a déjà rebattu les oreilles, mais rarement de façon aussi désopilante.

Si dans un joyeux désordre on cite devant lui Imi Knoebel, Véra Molnar voire Sol LeWitt, Charles-Henri Monvert laisse dire avec placidité. Mais il faut citer Martin Barré pour qu’il s’exalte, et Brice Marden, pour l’entendre réfuter énergiquement.

La grille qu’il trace sur la toile à la mine de plomb et qui transparaît encore ça et là n’est pas un principe directeur, c’est un échafaudage qui aide à composer ou à s’évader de la composition préconçue. En tout cas elle n’a rien à voir avec la grille minimaliste. L’échafaudage peut rester à demi accroché à l’ouvrage. La grille américaine est all over. Ce qui les oppose.

Ses tableaux sont plutôt lisses. Pourtant, selon l’artiste, tout se passe dans la matière picturale bien plus que dans la composition ou dans la couleur. La faible épaisseur qui donne à la matière cette consistance procure sa tension et l’intensité chromatique voulue au tableau. L’«intensité chromatique» considérée comme consistance propre de la peinture-phénomène, donc indépendamment de la relation des couleurs entre elles.

L’exécution a son importance. Il faut en général à Charles-Henri Monvert entre un et trois ans entre le commencement d’un tableau et l’achèvement qui permet son souverain abandon.

Dans ces trois tableaux, on pourra voir des formes: un cœur, une tête, un fantôme… Ce qui est plutôt étonnant pour des tableaux censés détachés de tout souci de représentation. Des tableaux de 160 x 120 cm, peints à l’acrylique, ce qui est assez inhabituel pour l’artiste, pour qui: «L’acrylique va un peu trop vite. Mais ça s’est passé comme ça!»

Des tableaux censés renvoyer à aucune autre expérience qu’à leur intrinsèque étrangeté. Mais étrangeté à quoi?

Des tableaux portant des titres en anglais, pour la première fois, l’artiste ne sait pas pourquoi, sinon pour dire que les figures qui s’y sont invitées par inadvertance, Heart, Head et Ghost Writer, sont étrangères à l’abstraction de rigueur, caractérisée par un titre de série en français, lui, mais qui n’engage à rien: Lignes et cercles. Et au dos des tableaux, des poèmes d’un autre temps, ainsi qu’une précision toujours utile: le nom de la planète d’où ils viennent: «Atelier, Alésia».

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