Cette première exposition monographique de Noémie Goudal en France offre un aperçu de la dimension pluridisciplinaire et complexe de son œuvre centrée sur le paysage. Entre la science et l’art, de la réalité à la fiction, et de l’espace au temps, divers dispositifs visuels abordent les multiples aspects que du territoire. L’œuvre qu’elle construit depuis une dizaine d’années s’inspire des recherches scientifiques, en particulier celles des paléo-climatologues qui, à partir d’indices souvent ténus, émettent des hypothèses sur le climat passé ou futur. C’est l’écart entre l’apparente fragilité de ces indices et l’ampleur des conclusions que Noémie Goudal traduit dans ses œuvres.
« Post Atlantica » : photos, vidéos et installations de Noémie Goudal
Le titre « Post Atlantica » de l’exposition associe des notions de temps et d’espace qui traversent l’ensemble des œuvres de Noémie Goudal : ses photographies, ses vidéos ou ses installations, toutes ses œuvres explorent en effet le rapport entre la réalité géographique et le retour dans le passé, ou au contraire, la projection dans le futur que l’on peut envisager à partir de cette réalité.
Le terme « post », qui désigne une différence avec ce qui a précédé, mais sans la définir vraiment, confère un caractère mystérieux aux visions et aux expériences de Noémie Goudal. Poétiques, d’une artisanale imperfection, parfois déstabilisantes, ses œuvres traduisent les mouvements qui agitent la matière des paysages. Le titre « Post Atlantica » de l’exposition interroge les devenirs du vaste territoire de l’Atlantique soumis l’activité humaine.
Noémie Goudal, entre art et science
Deux écrans placés dos à dos composent la nouvelle installation de Noémie Goudal, Inhale Exhale, exposée au Grand Café dans la grande salle du rez-de-chaussée. Sur l’un et l’autre des écrans la même vidéo — projetée en boucle et de façon décalée — montre un marais. Des décors mus par des cordes et des poulies semblent émerger puis rentrer dans l’eau du marais.
Ainsi apparaissent peu à peu des strates végétales de palmiers et de bananiers considérées comme autant de traces de la mémoire du paysage. Ce dispositif évoque la dérive des continents théorisée en 1912 par le climatologue Alfred Wegener. Le palmier et le bananier, présents sur les deux rives de l’Atlantique, attesteraient que l’Afrique et l’Amérique, formaient jadis un continent unique avant de se fragmenter.
Noémie Goudal, les transformations du paysage
Les photographies de la série « Démantèlement » évoquent elles aussi les mouvements continus et imperceptibles de la géographie. Au moyen d’un tirage photographique sur papier hydrosoluble, Noémie Goudal montre une montagne qui semble en train de fondre.
Quant au film Below the Deep South, produit pour l’exposition, il évoque la découverte en Antarctique d’un gisement de houille, c’est-à -dire la présence au pôle sud d’une ancienne végétation tropicale. Les transformations des paysages terrestres se seraient opérés d’est en ouest autant que du nord au sud… Une dérive poétique des continents…