Valérie Mréjen
Portraits de Famille
Lors de l’apprentissage du langage, les enfants prononcent parfois des phrases comiques ou incongrues, ils créent des néologismes, font des déplacements de sens par amalgame. «Bonne année du versaire», «changer d’avis comme deux chemises», «casse la neutiène» et «tête d’oreiller»; ces créations et tant d’autres restent dans la mémoire des parents et intègrent même souvent leur langage courant. Ce sont des fragments de l’histoire familiale qui s’écrivent ainsi au fur et à mesure.
Valérie Mréjen a souhaité interroger les enfants et leurs parents sur le sens des mots qu’ils ont inventés ou sur l’interprétation qu’ils en ont donnée. Avec «Portraits de famille», les visiteurs de la Galerie des enfants sont invités à livrer leurs témoignages sur l’apprentissage du langage.
Un film de Valérie Mréjen produit et réalisé au mois de mai au Centre Pompidou pour «Portraits de famille», La Peau de l’ours (vidéo, 13’30, sous-titrée en anglais, allemand, espagnol), sera diffusé à l’entrée de l’exposition: des enfants témoignent, sous forme d’interviews, de leur rapport aux mots ou aux expressions qu’ils entendent au sein de leur famille et qu’ils réinterprètent à leur façon.
Les enfants et les parents sont ensuite invités à déposer dans une urne la fiche détachable du dépliant de l’exposition-atelier «Portraits de famille» intitulée Écris, dessine, raconte-nous. Ces contributions sont régulièrement dépouillées, puis restituées sur l’un des écrans à la sortie de l’exposition-atelier.
L’espace accueille également une cabine d’enregistrement. Les visiteurs peuvent y pénétrer et ont une minute pour raconter, partager et immortaliser leurs souvenirs, leurs histoires et anecdotes autour des mots. Les écrits et les vidéos des participants de l’exposition sont restitués sur les deux bornes de diffusion présentes dans l’espace d’exposition. Les visiteurs deviennent ainsi des acteurs à part entière de l’exposition et se confrontent, dans cette zone, aux récits de ceux qui les ont précédés.
«Portraits de famille», c’est l’occasion de faire vivre ces histoires dans lesquelles chacun peut se retrouver à sa manière, et d’échanger des «raretés» comme on se retrouverait autour de vieux albums de photos de famille.
Valérie Mréjen est née en 1969 à Paris. Issue d’une école d’art, elle s’intéresse dès ses débuts à différents moyens d’expression pour mieux explorer les possibilités du langage. Elle commence par éditer quelques livres d’artiste avant de tourner ses premières vidéos.
Ses travaux ont fait l’objet de nombreuses expositions en France et à l’étranger, notamment au Jeu de Paume en 2008. Elle a réalisé plusieurs courts-métrages, des documentaires (Pork and Milk, 2004, Valvert, 2008) et un premier long métrage de fiction, En ville, co-réalisé avec Bertrand Schefer et sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2011.
Elle a également publié plusieurs récits, Mon grand-père, 1999, L’Agrume, 2001, Eau sauvage, 2004, aux éditions Allia, et Forêt noire, 2012, aux éditions P.O.L.
Vernissage
Samedi 16 juin 2012