Bertrand Desprez, Patrick Swirc, Marion Gronier, Byung-Hun Min, Elene Usdin
Portraits croisés
Au bout du voyage apparait alors un tableau de ce que nous sommes, de ce qui nous rassemble, de ce qui nous sépare, de ce qui nous fascine. Tel est l’objet du portrait photographique intimement lié à l’histoire de ce médium.
Le commissariat de l’exposition a été confié à Stéphane Brasca. Originaire de Nice, il est le créateur et le directeur de la rédaction du magazine de photographie « de l’air ». Cette revue trimestrielle, fondée en 2000, s’est rapidement singularisée en donnant à voir les travaux photographiques de différents auteurs, français et étrangers, dans des domaines aussi divers que le reportage, le paysage, le nu, le portrait, la mode etc.
Les images de Bertrand Desprez, auteur français confirmé, touche-à -tout génial, sur la jeunesse japonaise illustrent la dualité du portrait. Dans un autre univers, celui des people, des puissants, des fantasmagoriques, Patrick Swirc, auteur français prolifique et réputé, rend vrais ceux qui font souvent illusion.
Elles, rêvent un jour que leurs filles montent le marches de Cannes, arpentent la scène d’un Olympia ou peut-être encore plus, passent à la télé. Elles, ce sont les mères des mini-miss que Marion Gronier a photographiées dans le Nord de la France. Sur un fond pailleté, cette jeune auteure a placé côte à côte, ou face à face, la mère et sa progéniture. Le dyptique est cru. L’enfant est maquillé, coiffé, déguisé par sa maman qui l’a inscrite à l’un des innombrables concours de beauté de la région. Concours organisés par des jeunes mères élevées à la télé-réalité.
A travers la mini miss Pyjama ou la mini miss Mille et Une Nuits, ce sont elles qui se révèlent et qui accomplissent un peu leur rêve de célébrité temporaire… On ressent le désir de changer de monde pour oublier le temps d’un après-midi, un quotidien assombri par les difficultés de la vie. Marion Gronier a titré sa série « I am your fantasy », je suis ton merveilleux, maman.
Le merveilleux n’est pas toujours multicolore, habillé de strass. Il peut être à l’image des portraits de femme de Byung-Hun Min gris, silencieux, enveloppé dans une sorte de brouillard qui fait office de frontière entre mondes réels et irréels. Cet artiste coréen, rarement montré en France est un véritable maître dans son pays.
Elene Usdin, jeune talent français, a débuté avec ce qu’elle avait sous la main. C’est à dire elle. Un modèle économe, malléable, corvéable qui lui permet aussi de s’accepter telle qu’elle était. Et peut laisser cours à toute son imagination.
Chaque série lui donne l’opportunité d’être une autre. Une princesse, une soubrette, une lampe de chevet, une créature des bois, une poupée… Elene Usdin ne montre jamais son visage dans ses images. Il est masqué, coupé, dissimulé par une main ou par de folles herbes. Elle seule doit pouvoir se reconnaître. Aux autres d’imaginer de quoi elle a l’air vraiment. Elle est le miroir et la fenêtre.
Vernissage
Vendredi 22 février 2013 à 19 heures