PHOTO

Portraits

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

Le jeune peintre et graveur Régis Gonzalez présente à la galerie Metropolis ses portraits monumentaux d’enfants, aptes à créer le malaise. L’artiste y aborde le thème complexe de la représentation de l’enfance, loin de toute naïveté comme de tout pathos.

Figurés en gros plans, les Portraits d’enfants de Régis Gonzalez, peintre et graveur stéphanois, perturbent une iconographie jusqu’ici très réglementée, oscillant, dans l’art actuel, entre naïveté d’une génération d’adulescents peinant à sortir du premier âge, et provocation agressive, parfois gratuite, sur le thème du rapport de l’adulte à l’enfance.
En témoigne la récente plainte déposée contre les organisateurs de l’exposition « Présumés Innocents » au Capc de Bordeaux, en 2000 : confronter l’enfance à sa représentation reste en effet aujourd’hui encore un défi pour un artiste.

En photographie, on sait depuis Lewis Carroll que l’immédiateté du rapport modèle-enfant / artiste-adulte prête à l’ambiguïté. En peinture, la distance est plus importante entre le modèle et l’artiste, et donc le sujet plus facilement abordable. Cette distance nécessaire est à mettre sur le compte du rapport dominé / dominant qui préexiste entre le modèle et l’artiste. Or, la domination d’un adulte sur un enfant est une notion inacceptable.

L’intérêt des toiles récentes de Régis Gonzalez, qui font suite à une même série au crayon et à l’encre de Chine, réside dans le fait que les enfants représentés ne paraissent en aucun cas dominés, car ils ne semblent pas faire partie d’un monde d’adultes, mais sont inscrits dans leur univers propre, loin des projections psychanalytiques et de la paranoïa anti-pédophile. Le degré certain de violence qui caractérise ces images tient non seulement aux expressions de colère ou de doute des enfants, mais aussi à la technique même, complexe.
Peignant en plusieurs couches successives, Régis Gonzalez multiplie les variations colorées, donnant aux chairs des reflets verts, roses acide ou jaunes, juxtaposés à des corps d’écorchés, qui paraissent de cristal. Il laisse s’échapper de son pinceau des coulures qui accentuent l’expressivité des portraits.

Pourtant il n’y a pas là de complaisance, mais une vision aigue, sans doute difficile à appréhender pour certains, de la violence inhérente à l’enfance, des douleurs et des sentiments non exprimés. Délibérément Régis Gonzalez se place du point de vue de l’enfant, refusant la joliesse de cet âge. L’artiste nous impose un regard sur des corps d’enfant, et, subséquemment à cette nudité, nous force à considérer les questions de la mortalité et de la sexualité infantiles, questions difficiles, intraduisibles, sauf peut-être par le biais de l’art.

Régis GONZALEZ
« Sans titre », 2007. Acrylique et huile sur toile. 170 x 110 cm
« Sans titre », 2007. Acrylique et huile sur toile. 170 x 120 cm
« Sans titre », 2007. Acrylique et huile sur toile. 115 x 145 cm
« Sans titre », 2007. Acrylique et huile sur toile. 145 x 95 cm
« Sans titre », 2007. Acrylique et huile sur toile. 130 x 200 cm
« Sans titre », 2007. Acrylique et huile sur toile. 145 x 125 cm

AUTRES EVENEMENTS PHOTO