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Portrait de Miquel Barceló en artiste pariétal

S’inspirant des œuvres pariétales du néolithique, l’art de Miquel Barceló se situe entre peinture et sculpture. Pierre Péju et Eric Mézil analysent, entre autres, le décor de la chapelle San Pere de la cathédrale de Palma de Majorque et la performance Paso Doble avec Josef Nadj.

Information

Présentation
Pierre Péju, Eric Mézil. Photographies d’Agustí Torres
Portrait de Miquel Barceló en artiste pariétal

Ce livre est né de la rencontre entre un artiste, Miquel Barceló, et un écrivain, Pierre Péju, sous le soleil provençal. En juin 2006, Miquel Barceló est à Avignon pour préparer le spectacle qu’il présente pendant le Festival avec le chorégraphe et danseur Josef Nadj : Paso Doble. Dans l’église abandonnée des Célestins, les deux hommes se livrent à une formidable performance autour d’une paroi d’argile «griffée, grattée, lardée, frappée, modelée» et finalement transformée en sculpture géante, différente chaque soir. Ce spectacle ne pouvait laisser indifférent Pierre Péju, qui dans Le Rire de l’ogre avait imaginé la vie d’un sculpteur.

Le dialogue né à Avignon entre l’artiste et l’écrivain s’est poursuivi dans l’atelier parisien et sur l’île de Majorque où Miquel Barceló achevait la décoration d’une chapelle dans la cathédrale gothique de Palma, inaugurée en février 2007.

D’un lieu à l’autre, l’écrivain a suivi l’artiste pour essayer de comprendre une œuvre foisonnante, où «l’énigme et le drame demeurent tapis entre les signes». Dans l’atelier, il a cherché les indices, reconnu les obsessions, retrouvé Lascaux, l’Espagne et l’Afrique. Il a tiré les fils demeurés invisibles pour livrer sa vision de l’un des plus grands artistes de notre temps. Une traversée étourdissante qui n’oublie jamais l’«étrange joie du tableau».

Ce texte est accompagné d’un entretien entre Miquel Barceló et Eric Mézil, directeur de la Collection Lambert en Avignon.

Extrait de «Miquel Barceló aux origines de l’art» par Eric Mézil

«Il aura fallu presque deux années pour que ce livre existe et confirme l’intuition qu’il y a bel et bien au cÅ“ur de l’œuvre protéiforme de Miquel Barceló des réminiscences évidentes, sincères et profondes avec l’art pariétal. Ni décoratives, ni uniquement formelles ou stylistiques. Et même si le pari éditorial était risqué, l’expérience était tentante. Inscrire l’artiste, que tant de catalogues ont déjà consacré, à travers le prisme d’un ouvrage qui, au début de notre troisième millénaire, le rendrait plus proche des peintres de Chauvet que de ses propres contemporains, tel était l’enjeu. Même si peuvent venir à l’esprit de grands artistes tels Thomas Hirschhorn, Xavier Veilhan, Spencer Finch ou Alain Séchas, qui ont tenté eux aussi des descentes à la lampe torche dans l’art des origines, dans les boyaux de la terre, les souterrains, les plafonds peints. Pour autant, pas question de réduire l’œuvre foisonnante de Barceló à des références à tiroirs autour de la préhistoire et d’un style primitif ou originel. L’homme est trop fin pour se laisser enfermer dans des clichés et encore moins claquemurer dans une grotte…

Ce que l’ouvrage montre, c’est comment la connaissance singulière qu’a Miquel Barceló de cette période de l’histoire de l’art s’associe à son propre quotidien, des troupeaux de bêtes de la ferme majorquaise qu’il observe à loisir aux poissons qu’il pêche au fond de la Méditerranée en plongée sous-marine.»

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