Communiqué de presse
Marina Balanovitch
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Les recherches de Marina Balanovitch se déclinent sur l’idée du rhizome, de l’espace et de la durée. Pour cette artiste née à Koursk en 1994, c’est une façon d’être à la recherche de ses racines. Ajoutez à cela de multiples façons de comprendre et de pratiquer la peinture, et voilà une exposition d’une grande fluidité qui échappe à l’enfermement dans une définition. Pour Slavoj Zizek, la réalité est un spectacle artificiel.
Elle ne disparaît pas dans l’interaction des apparences, elle en est consubstantielle. L’art adopte le statut d’élément constitutif de la réalité elle-même, comme étant une configuration réelisante – augmentant le coefficient de réalité, de vérité – pour examiner notre réel. «Il y a quelque chose de réel dans l’illusion, plus que dans la réalité qui est derrière. Si vous cherchez ce qui est plus réel que la réalité elle-même, regardez du côté de la fiction.» (Paroles de Slavoj Zizek issues du documentaire The pervert’s guide to cinema, 2006).
La tension formelle instaurée dans les oeuvres de Marina Balanovitch amène une sorte de coupure entre l’objet d’art et le monde réel duquel il a été extrait ou inspiré. Les référents sont partiellement gommés au profit du lien nouvellement tissé dans l’oeuvre. Nous fondons notre apprentissage du réel à partir des moyens d’intention de la fiction pour vérifier les conditions d’apparition et de diffusion d’une réalité. «Le réel doit être fictionné pour être pensé» dit Jacques Rancière (Le Partage du sensible, La Fabrique, 2000, page 61).
Chez la jeune artiste russe des pistes s’approfondissent, des interprétations se modifient, de nouvelles relations s’établissent entre les oeuvres, avec un même souci qui ne laisse aucune place au hasard et qui s’assume avec la même détermination que s’il s’agissait de peaufiner la maquette d’un livre. Chaque toile prend sa place dans un panorama plus vaste, elle se trouve engagée dans un dialogue avec d’autres toiles ou d’autres séries. C’est une oeuvre composée comme le tissage d’images avec d’autres images.
En infiltrant le réel, l’oeuvre d’art partage alors l’espace du vivant et nous ouvre un autre monde. L’oeuvre naît ainsi, pour paraphraser l’historien de l’art Paul Ardenne, auteur de l’ouvrage Un art contextuel, «de la participation du public, et n’existe que par lui». Faites d’accident, de fragmentation et de mise en abîme, les oeuvres tissent paradoxalement une prise de conscience du chaos. Depuis la cosmogonie grecque, le chaos reste ce pré-univers livré à la confusion et au désordre, à la frontière du visible et de l’invisible, du néant et de l’être. Par glissement, le chaos est devenu une dénomination symbolique démontrant l’impossibilité pour l’esprit humain de résoudre le mystère de l’existence.