L’exposition « Point Oméga » à la galerie Jousse Entreprise, à Paris, présente de nouvelles œuvres de Jennifer Caubet, des installations et sérigraphies qui poursuivent son exploration fictionnelle et politique des territoires, de l’architecture et de l’utopie.
Jennifer Caubet explore le désert de Mojave en Californie
L’exposition « Point Oméga » rassemble des œuvres que Jennifer Caubet a réalisées dans un contexte géographique précis, le désert de Mojave en Californie. Sur ce territoire, la plasticienne a poursuivi sa recherche sur l’occupation de l’espace, tout en l’abordant sous un angle neuf. En effet, contrairement à ses précédents travaux qui s’inscrivaient dans des lieux de type white cube, c’est cette fois un espace déjà occupé qu’elle investit.
Contrairement aux apparences, le désert n’est pas un territoire vide. Le désert de Mojave en particulier est un écosystème traversé de forces naturelles et le lieu idéal pour la construction des utopies mais aussi de dispositifs humains nécessitant un vaste espace ou une certaine discrétion. Le désert de Mojave est ainsi habité de puissances géologiques et de flux énergétiques, envahi par des bases militaires, des stocks de déchets nucléaires et d’énormes centrales solaires, mais aussi le lieu où s’expriment diverses contre-cultures et modes de vie alternatifs.
« Point Oméga » illustre les contradictions de la conquête territoriale
La pratique de Jennifer Caubet voit sa dimension fictionnelle et politique démultipliée par ce travail sur un espace préalablement marqué par différents modes d’occupation et dans lequel utopie et dystopie se croisent. Les ensembles de sérigraphies Below the Sea Level et Cairn ont été réalisés à partir de scans et photographies de territoires fortement balisés et exploités par l’homme. Il en ressort des images à la limite de l’abstraction, des surfaces finement texturées et traversées de lignes réelles et imaginaires où la topographie se mêle à l’activité humaine.
La série de sérigraphies intitulée City of Light offre une vue incertaine d’Ivanpha, une centrale solaire située au sud de Las Vegas qui évoque une ville futuriste. Une évocation que Jennifer Caubet transpose dans un ensemble de trois sculptures intitulé Point Oméga. Construites en verre et en acier, elles sont fondées sur un principe de modularité et forment la partie visible d’un réseau sous-jacent, qui est à la fois spatial et énergétique. Un flux d’eau traversant chacune des sculptures est animé par un panneau solaire qui mesure la luminosité de la galerie. Entre autonomie et lien direct avec son environnement dont elle tire une de ses ressources, l’œuvre illustre les contradictions de la conquête territoriale.