L’exposition «Poèmes et dessins de la fille née sans mère» se veut résolument surréaliste. Les douze artistes réunis se prennent au jeu d’un cadavre exquis, avec pour point de départ l’œuvre du dadaïste Francis Picabia: à ses créations picturales et poétiques d’hier répondent aujourd’hui un ensemble de dessins et d’aquarelles, de peintures et de sculptures, de collages et d’installations. La Topographie de l’art accueille ainsi une exposition collective en forme de conversation artistique entre les débuts des XXe et du XXIe siècles.
«Poèmes et dessins de la fille née sans mère» : une conversation entamée par Francis Picabia
Le titre de l’exposition «La Fille née sans mère» reprend ceux de plusieurs peintures ainsi que celui d’un recueil de dessins et de poèmes créés en 1918 par Francis Picabia. Les peintures ont été réalisées en 1916 au moment où Picabia découvrait aux États-Unis l’omniprésence de la mécanisation industrielle. Elles représentent les rouages d’une machine à vapeur. Le titre, qui fait aussi référence à la naissance d’Eve issue du corps d’Adam, est une métaphore ironique d’une création sans conception. L’œuvre de Francis Picabia combine ainsi observation de la société moderne et considérations sur la production artistique.
Poèmes et dessins de la fille née sans mère : un dialogue séculaire
Dans l’exposition de la Topologie de l’art «Poèmes et dessins de la fille née sans mère», douze artistes rebondissent à leur manière sur les créations de Francis Picabia, en particulier sur les différentes versions de cette fille née sans mère. Dans son œuvre Paroles (2020), Horst Haack rend hommage au « frère du père de Dada » en reprenant une phrase écrite en 1915 par Picabia dans un article du New York Tribune : « La machine est devenue plus qu’un simple instrument de la vie humaine. Elle est réellement une part de la vie humaine. Je me suis approprié la mécanique du monde moderne et je l’ai introduite dans mon atelier ».
Chloé Julien, quant à elle, interroge la procréation dans sa série de collages « Jeune fille sans mère » (2013), dont les œuvres entremêlent des corps féminins morcelés jusqu’à devenir méconnaissables. Son collage Machine à vie (2018) est un agglutinement de bouches, de mains et de seins de femmes. Les œuvres de Saadi Souami, Clarisse Hanh, Glenda Leon et des autres artistes exposés à la Topographie de l’art, répondent encore différemment aux problématiques soulevées par Francis Picabia. Un dialogue très riche en découle, un siècle après.