Michel Blazy, Maxime Bondu, Simon Boudvin, Mark Boulos, Blanca Casas Brullet, Charlie Jeffery, Toril Johannessen, Gustav Metzger, Dan Peterman, Thorsten Streichardt, Simon Starling, Superflex, Lois Weinberger
Plus de croissance: un capitalisme idéal…
La notion de croissance, indissociable des idées, des lois et des pratiques de la modernité, est généralement perçue comme positive, associée à la prospérité et au progrès vu sous l’ange de l’humanisme occidental. Le profit, la productivité, l’accumulation et l’expansion se sont imposés comme des valeurs fondamentales, et le mythe de la croissance et du développement s’est propagé sur les cinq continents.
Un siècle plus tard, comment les artistes abordent-ils ce concept de croissance? S’intéressant à l’économie, l’urbanisme, la physique, la biologie ou la botanique, ils en font un sujet de recherche mais également le moyen d’interroger leurs propres méthodes de travail. En écho à une série d’expositions réalisées en Suisse et en Allemagne en 2011, «Plus de croissance» rassemble des artistes qui explorent l’ambivalence de cette notion à travers des expérimentations physiques et biologiques, des formules mathématiques ou des commentaires critiques de l’économie mondialisée.
Face au naufrage d’un célèbre fastfood américain progressivement englouti sous les eaux, on aperçoit un bateau qui traverse lentement un lac en s’autodétruisant; tandis que des plantes exogènes envahissent les décombres des villes occidentales, les pêcheurs du Delta du Niger tentent de défendre leurs ressources contre les ravages des compagnies pétrolières, et des ménages danois investissent dans l’immobilier grâce à l’ouragan Katrina.
Renvoyant à ce capitalisme du désastre prophétisé par Naomie Klein, les œuvres incarnent des crises locales ou internationales mais elles proposent dans le même temps une réflexion sur la production – et la productivité – artistique. La logique même de la croissance fait l’objet d’une appropriation par les artistes qui en exploitent à la fois les potentialités (processus organiques de mutation, mouvement, excès, désir de prolifération et d’autocréation) et les limites (saturation, débordement, pollution, perte de contrôle, travail aliéné).
Alors que l’économie néolibérale ignore les phénomènes de dépense improductive ou d’entropie – à savoir la non-réversibilité des transformations de l’énergie et de la matière – les artistes les placent au cœur de leurs préoccupations pour soulever des questions esthétiques, économiques, écologiques et politiques.
Conférence-diaporama de Simon Boudvin le dimanche 17 juin à 15h
critique
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