ART | EXPO

Playtime

08 Sep - 28 Sep 2008
Vernissage le 08 Sep 2008

En référence au film de Jacques Tati et en écho à la nouvelle Zac (zone d’aménagement concerté) Paris Rive Gauche dans le 13e arrondissement, le projet "Playtime", présente des objets et des actions d’artistes questionnant l’usage que l’on fait d’un lieu, pris entre contraintes et liberté.

Fanny Adler & Vincent Madame, Atelier Bow-Wow, Nina Beier & Marie Lund, Katinka Bock, Simon Boudvin & Vincent Ganivet, François Chaignaud, Guillaume Constantin, Julio Cortázar & Dora García & Loreto Martinez Troncoso, Das Dingbât, Fanny de Chaillé, Jean-Charles de Quillacq, Jochen Dehn, Florent Delval, Michael Eric Dietrich, Driessens & Verstappen, Chloé Dugit-Gros, Dario Escobar, FormContent, Ryan Gander, Yves-Noël Genod,  Dominique Gilliot, Daniel Gustav Cramer & Haris Epaminonda, Jeune Fille Orrible, Patrick Killoran, Jiří Kovanda, Seulgi Lee, Nicolas Mémain, Ivana Müller, Roman Ondak, Carole Perdereau, Philippe Quesne, Paul Ramírez Jonas, Dan Rees, Jeanne Revel & Jean-Baptiste Leroux, Bertrand Segers & Matthieu Garcia Lamolla, Yann Sérandour, Virginie Thomas, Guido van der Werve, Adrien Vescovi, Annie Vigier & Franck Apertet (les gens d’Uterpan), W et Raphaël Zarka
Playtime

Un projet conçu par Mélanie Bouteloup et Grégory Castéra.

“Ce qu’il s’agit d’interroger, c’est la brique, le béton, le verre, nos manières de table, nos ustensiles, nos outils, nos emplois du temps, nos
rythmes.” (Georges Perec, L’infra-ordinaire, ed. Seuil, 1989)

Le projet « Playtime » emprunte son titre au film dans lequel Jacques Tati fait d’une ville un terrain de jeu et révèle avec humour la marche, planifiée et absurde, de la modernité. Tativille – surnom donné aux décors du film – c’est à quoi ressemble le site en question de la nouvelle Zac Paris Rive Gauche dans le 13e arrondissement, et plus précisément le quartier Masséna Nord dans lequel est implanté Bétonsalon.

Ce quartier croît et s’habite avec ses utopies: la reconversion d’une ancienne friche industrielle, des « ilots ouverts » c’est-à-dire un rassemblement de bâtiments autonomes selon l’idée de l’architecte coordinateur Christian de Portzamparc, « l’université dans la ville » où le savoir se mélangerait avec les activités urbaines…

Le journaliste Frédéric Edelmann écrit dans « Le Monde » en date du dimanche 23 mars 2008: « Le costume architectural (vu comme une collection de bâtiments) est si présent qu’on le prendrait lui aussi pour un élément du décor, mais il faut entrer dans son jeu pour comprendre comment, derrière cette apparence complexe, s’organisent les volumes et des circulations ».

Explorer la mise en oeuvre de la planification urbaine du quartier c’est découvrir un chantier: quadrillage d’allées ne menant nulle part, rues sans nom, jardin en friche, affiches de simulations virtuelles du futur quartier…

« Playtime » questionne cet espace, pour en révéler le « reste » selon le mot de Perec, ce qui ne se remarque pas, soit « du temps des gens des voitures et des nuages ».

Dans « Playtime », il est question d’usages, un terme entendu ici comme la manière d’agir dans un contexte régi par des codes (règles, aménagements, discours…) qui modifient et organisent nos interprétations et nos actions. La répétition quotidienne de ces actions modifie ou confirme nos interprétations de ce contexte.

L’usage est le fruit des habitudes, de répétitions quotidiennes qui restent encore, pour des usagers du quartier, liées à la fonctionnalité des aménagements : mouvements pendulaires des salariés et des étudiants (métro / lieu de travail / métro), horaires d’ouverture et de fermeture des commerces…

On entend souvent la formule « le quartier manque de vie ». Cette remarque pourrait être traduite par une carence dans le potentiel fictionnel du quartier, c’est à dire un manque dans les possibles interprétations qui pourraient en être faites.

« Playtime » entend proposer des déplacements au sein d’usages quotidiens et entendus: comment les usages que l’on fait d’un contexte déterminent-ils notre liberté d’agir dans celui-ci ? Quelles fictions admet le plan d’aménagement de la Zac Paris Rive Gauche ? S’il est question d’émancipation, c’est en jouant des contrats qui organisent la manière de regarder une oeuvre, de suivre un spectacle, de faire une fête ou de rencontrer une personne inconnue. Les pièces présentées dans « Playtime » composent un socle à ces fictions potentielles, un point de départ dans l’invention des usages par chacun.

« Playtime » propose d’explorer les interactions sociales à l’oeuvre dans le quartier au moyen d’une exposition d’objets et d’actions ; proposés par des artistes issus des arts visuels, du théâtre, de l’architecture, de la danse…

L’agencement des propositions pourrait produire des situations composées d’acteurs, d’accessoires et de décors. Les oeuvres pourraient être des règles du jeu, des partitions, des didascalies ou bien encore des objets trouvés, témoins ou messagers. Entre performance et exposition, qu’elles aient lieu à des horaires définis à l’avance ou qu’elles soient montrées sur demande, ce sont les processus de monstration et la parole échangée qui seront au coeur de « Playtime ».

Il est donc question de temps de jeu/time to play, c’est à dire de parenthèses au quotidien, organisées selon certaines règles, plus ou moins opérantes. Une exposition qui s’écrit (comment cela va-t-il se construire), autant qu’elle s’efface (dans son caractère éphémère).

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