Mikko Paakkanen
Play
L’exposition de rentrée de la Galerie Maria Wettergren, intitulée Play (« jeu », « jouer » en français), dévoile l’univers enjoué et profondément non conventionnel de ce designer contemporain, qui compte parmi les plus importants de la nouvelle génération nordique.
Le grand tabouret Big Stool de 2012 (lauréat du prix du PAD Paris du meilleur objet de design 2013) ouvre le bal en s’imposant dans l’espace comme une véritable sculpture monolithique avec son petit air de pion de jeu d’échec géant. Sa forme est inspirée par les ondes sonores et dévoile l’univers musical de l’artiste. Dans Big Stool, Mikko Paakkanen laisse le bois s’exprimer dans sa noblesse en le sculptant dans un seul bloc de chêne massif, qu’il a fait sécher pendant six mois afin d’y créer de profondes craquelures expressives. Big Stool est réalisé en deux versions, l’une en bois brûlé noir ainsi qu’une autre en bois naturel rappelant un jeu d’échec. Leur superbe facture témoigne de la double maîtrise de Mikko Paakkanen de designer de l’université d’art et de design de Helsinki et de maître ébéniste.
Le tabouret est un meuble de prédilection chez Mikko Paakkanen. A travers des œuvres comme Kasane et Dakko, créées au Japon en 2013, il explore le dessin et la calligraphie. Réalisées dans un bloc de pin d’Oregon, Mikko Paakkanen a imprégné d’encre de Chine leurs assises, introduisant ainsi, d’une façon poétique, un élément pictural dans l’univers du meuble. Le dessin était déjà présent dans une petite série de sièges et de table intitulée Mummula (le lieu de la grand-mère en finlandais) de 2003, dont l’exposition montre un prototype de meuble de conversation, orné de motifs floraux. Cette pièce propose un contraste intéressant entre le bois aggloméré, matière traditionnellement simple, et les motifs du lis délicatement ciselés et passés à l’encre noir comme un tatouage. Avec ces pièces en bois, à la fois minimalistes et sculpturales aux formes épurées et à la finition naturelle, Mikko Paakkanen semblent prolonger, tout en l’innovant, la grande tradition du design scandinave du XXe siècle.
Une autre partie de l’exposition est consacrée à ses sculptures lumineuses. Avec Hude (« pinceau » en japonais), Mikko Paakkanen poursuit son exploration de la calligraphie et de l’idée poétique de peindre avec la lumière. Comme de grands pinceaux brillants trempés dans la couleur, ses œuvres en verre soufflé à la main se déploient dans l’espace comme d’amples gouttes d’eau illuminées tombant lentement. L’idée du jeu, cette fois-ci avec une connotation cinématographique, est également délicieusement présente dans la lampe Marilyn de 2008 dont le prototype se trouve dans les collections du Designmuseo à Helsinki. Comme un clin d’œil à Marilyn Monroe et à sa robe irrésistiblement soulevée par la grâce d’une bouche de métro dans le film Sept Ans de Réflexion, la suspension en tissu virevolte telle une jupe au-dessus de nos têtes grâce à un petit moteur. It’s showtime !