Jana Sterbak
Planétarium
L’Atelier de Réattu invite cet automne Jana Sterbak à prendre la suite de Vladimir Skoda. Aux 200.000 billes succèdent 15 sphères monumentales, l’acier fait place au verre, sans rompre pour autant avec l’ébullition cosmique… Ce Planétarium, réalisé par l’artiste au CIRVA (Le Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques de Marseille) est né du geste même du souffleur créant une première bulle: «Dans mon travail, les matériaux sont actifs, écrit l’artiste, c’est en voyant la matière passer «naturellement» de l’état de magma à celui de sphère que je me suis approchée de l’imaginaire lié à l’origine du système solaire.»
Tout à la fois denses, transparentes, lourdes, minérales, solaires, ou lunaires, ces planètes ont donné naissance à d’autres travaux: l’une d’elles se retrouve dans une oeuvre photographique de l’artiste, magnifiquement dédiée à Atlas.
Planétarium
Ces Planètes, réalisées entre 2000 et 2002, relèvent ainsi autant de la sculpture que de la mythologie : faites de verre soufflé, elles sont le produit d’un geste de démiurge qui façonne une matière en ébullition pour créer une planète, c’est-à -dire un possible espace de vie…
A la différence du modelage, technique dans laquelle l’artiste maîtrise son geste et son oeuvre en ajoutant ou retranchant de la matière, le travail du verre joue avec le hasard, oscillant entre le désir de l’artiste et les limites de la matière. Et Jana Sterbak le dit, il faut être «prompt à reconnaitre les accidents bénéfiques et à en tirer parti», comme pour la formation des cratères sur certaines des sphères, où c’est l’intégration de bicarbonate de soude lors de l’expansion du verre qui produit ces irrégularités rappellant le sol lunaire. Procédé desiré par l’artiste mais néanmoins quasiment impossible à maîtriser…
Pour Jana Sterbak, le changement de couleur des sphères sous l’effet de la chaleur,— passant du jaune à l’orange pour finalement devenir translucide — est une évocation du moment de la création du monde. La matière chauffée se fait solaire, magmatique, avant de retrouver, en refroidissant et se pétrifiant, sa minéralité.
Atlas
Atlas, photographie réalisée à partir de l’une des Planètes, donne de la profondeur à l’installation. Comme dans une mise en abîme théâtrale, Jana Sterbak met en scène l’une de ses sculptures; elle réactive dans un dispositif photographique la dimension mythique de ces objets de verre.
Un personnage en costume sombre porte sur l’épaule une Lune translucide. Sa tête a disparu. L’ambiguïté de cette image dit tout du dérisoire et du tragique de la condition humaine.
Frère de Prométhée – figure mythologique si importante pour l’humanité… et que nous retrouvons dans la version révolutionnaire donnée par Jacques Réattu dans la pièce suivante -, Atlas, l’un des Titans, fut selon Hésiode, condamné par Zeus à porter les cieux, en châtiment pour sa désobéissance et sa rebellion. Il est principalement représenté portant la voûte ou le globe céleste. Selon Diodore de Sicile, Atlas était un sage, un grand astrologue et un roi avisé pour le Royaume d’Atlantide, et fut le premier à découvrir la science des sphères…